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Mathématiques : "Ce n'est pas aux élèves qu'il manque quelque chose, mais aux professeurs" (C. Torossian)

Paru dans Scolaire le jeudi 01 octobre 2020.

Réagissant à la publication de deux notes d'information de la DEPP (le service statistique de l'Education nationale) qui révèlent une baisse continue du niveau des élèves en mathématiques (voir ici), Charles Torossian, inspecteur général et co-auteur avec Cédric Villani d'un rapport sur leur enseignement évoque, à l'occasion d'une conférence de presse convoquée en "audio" ce 1er octobre, le "plan mathématiques" lancé en septembre 2018, plan dont les élèves qui ont passé l'évaluation "n'ont pas bénéficié".

Ce plan porte d'abord sur la formation des enseignants. En ce qui concerne le 1er degré, quelque 1350 "référents mathématiques" ont été formés et organisent, dans chaque circonscription, des "constellations" de sept ou huit enseignants pour une "formation horizontale et par les pairs". Elles étaient au nombre de 3 000 l'an dernier et devraient être "5 à 6 000 cette année". Pour l'inspecteur général, "c'est une révolution".

Elle se double d'instructions, les "repères de progression" qui ont été publiés à cette rentrée pour "remettre les horloges à l'heure". Si une notion, par exemple les nombres décimaux, est inscrite au programme d'une classe, "c'est en novembre qu'elle doit être travaillée, pas au mois de mai."

Enfin, les mathématiques doivent être davantage concrètes, ou plus exactement, l'abstraction ne doit intervenir qu' après que les élèves ont manipulé, puis verbalisé. Il faut d'ailleurs travailler les progressions. C'est ainsi que l'introduction en 4ème de "la variable x" (dans une équation, ndlr) représente pour les élèves une difficulté, un saut dans l'abstraction, mais qu'elle peut être préparée de longue date, comme cela se fait au Portugal où, dès le CM1, les enfants sont familiarisés avec le souci d'identifier "la chose que l'on cherche". Encore faut-il que le lien école-collège soit solide.

Autre exemple, au supermarché, un client paie avec trois billets de 50€, on lui en rend 13, quel était le montant de la note ? La résolution, qui semble évidente à un adulte, ne l'est pas puisque seuls 53 % des élèves de CM2 l'ont trouvée (70% précédemment), et Charles Torossian propose que l'élève commence par dessiner, sous la forme de rectangles, les 3 billets, pour que la multiplication lui apparaissent aussitôt et "qu'il puisse se raconter l'histoire". Il insiste, il ne s'agit pas d'apprendre par exemple la multiplication, avec des problèmes, mais d'apprendre à résoudre des problèmes. En même temps, il met en garde contre les efforts de contextualisation qui compliquent inutilement les choses et ajoutent à la difficulté mathématique celle de lecture d'un énoncé complexe et inutile.

D'ailleurs, pour l'inspecteur général, ce n'est pas tant le programme qui compte, mais la définition des objectifs d'apprentissage. Il a moins évoqué le collège, sinon pour donner comme une priorité la création de laboratoires et le travail au niveau du bassin, mais il apparaît très sûr que les premiers résultats de ce plan seront manifestes "dans très peu de temps", d'ici deux ans, notamment pour la prochaine édition de l'évaluation internationale TIMSS.

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