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Comment "les premiers de corvée" assurent-ils la rentrée dans les écoles ? L'exemple de Nanterre

Paru dans Scolaire le lundi 07 septembre 2020.

Jean-Pierre Bellier, adjoint à l'éducation à Nanterre et inspecteur général (IGESR) avait attiré l'attention de ToutEduc sur les "premiers de corvée" lors de la réouverture des classes au mois de mai (voir ici). Quelle est leur situation à cette rentrée ? Il est accompagné d'Alexandre Croisy, directeur des personnels de service et de restauration de la ville (soit 522 personnes, dont 160 ATSEM, agents spécialisés des écoles maternelles)

Jean-Pierre Bellier : Les débats actuels portent pour l'essentiel sur les inquiétudes des parents et des enseignants. Je trouve qu'on parle très peu des "premiers de corvée", les personnels municipaux en charge des repas, du nettoyage, du gardiennage ou en maternelle, des ATSEM. Ils sont pourtant en première ligne et sont de fait aux avant-postes des risques de contagion du fait de leurs missions qui les mettent en contact avec des surfaces, des substances ou des objets où toutes les mains se sont posées.

Alexandre Croisy : Ce sont d'ailleurs ces agents que les enfants rencontrent d'abord puisqu'ils assurent l'accueil périscolaire dès 8h le matin.

Jean-Pierre Bellier : Et les enfants, surtout les petits, les connaissent parfois mieux que leur professeur.e. Ce sont les ATSEM qui s'occupent d'eux quand ils sont malades, quand ils vont aux toilettes, à l'heure du déjeuner... C'est souvent vers elles (nous n'avons que des femmes à Nanterre dans cet emploi) qu'ils se tournent quand ils ont besoin d'un câlin.

ToutEduc : Avez-vous noté des signes d'inquiétude particuliers ?

Alexandre Croisy : Non, la rentrée est aussi sereine que possible, je n'ai eu vent d'aucun mouvement d'inquiétude, ni les syndicats ni l'encadrement ne m'en ont fait remonter. Nous restons néanmoins très vigilants. De plus, ils-elles ont vécu le confinement et le déconfinement et sont "rodé.e.s" après ces moments quelque peu surréalistes. En maternelle, elles sont dotées en équipement de protection, les protocoles sont bien connus, ils-elles ont été formé.e.s à l'utilisation des produits virucides, qui ne sont pas anodins. Dans certaines communes des agents ont été soumis à des risques chimiques importants du fait de l’utilisation de ces produits. Des informations ont été données par la médecine du travail et le service prévention de la DRH. J'insiste toujours sur la nécessité pour l’encadrement de se poser et de parler avec les agents pour faire taire les rumeurs, leur opposer des arguments rationnels et les rassurer.

ToutEduc : Qu'entendez-vous par "ils sont rodés" ?

Alexandre Croisy : Ils ont dû s'adapter, innover. Ils ont accompli deux exploits, tenir les locaux (49 écoles dont 26 écoles maternelles) en état pour les réouvrir le 18 mai, et surtout, les maintenir ouverts jusqu'au 3 juillet. Je pense notamment à la cantine, quand seuls deux enfants pouvaient manger à la même table, qu'il a fallu multiplier les services, appliquer le protocole sanitaire draconien, mettre en place des sens de circulation, des marquages au sol...

ToutEduc : Vous insistez sur la cantine...

Alexandre Croisy : Nous avons 33 offices de restauration et une partie des 49 écoles sont en REP ou REP+. Le déjeuner est souvent le seul repas équilibré de la journée. Les cuisines ont fonctionné, et les enfants ont mangé chaud, ce n'est pas rien.

ToutEduc : Etes-vous inquiets pour la suite ?

Alexandre Croisy : Nous devons rester vigilants et réactifs. L’inquiétude majeure, nous l’avons gérée en mai quand il a fallu mettre en place le plan de reprise d’activité. Les enseignants et surtout des directeurs d'école étaient de manière très légitime stressés ainsi que nos personnels. Il a fallu gérer cela. Mais c'est d'ici un mois que la situation pourrait devenir problématique. Les rhino-pharyngites vont commencer. Comment distinguer les symptômes de ceux de la Covid ? Nous allons devoir demander à tout agent qui a mal à la gorge de rester chez lui plusieurs jours en attendant les résultats des analyses. Comment assurer les remplacements ? A noter quand même un point positif, depuis que personnels et enfants se lavent les mains plusieurs fois par jour, les gastros ont quasi disparu !

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