Absentéïsme : un taux deux fois et demi plus élevé dans les lycées professionnels que dans les lycées d'enseignement général et technologique (DEPP, note d'information)
Paru dans Scolaire le dimanche 31 mai 2020.
19,1 %, tel est le taux d'absentéïsme observé chez les élèves des lycées professionnels (LP), selon une note d'information que vient de publier la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) au regard des données recueillies dans le cadre de son "enquête nationale 2018 de climat scolaire et de victimation auprès des lycéens : le point de vue des élèves internes". Ce taux, calculé sur les mois de septembre 2018 à mai 2019, s'avère être deux fois et demi plus élevé que chez leurs homologues des lycées d'enseignement général et technologique (LEGT), où il s'élève à 7,6 %, les collégiens affichant de leur côté le taux le plus bas avec, en moyenne, 3,5 % d'absentéïsme. La DEPP, qui fait état de ces variations entre établissements, avance plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer que les lycées professionnels soient davantage impactés par ces absences : "une orientation plus ou moins choisie, des temps de transport plus élevés, le temps consacré à un travail d'appoint."
Ces fortes variations s'observent aussi mensuellement puisque celui des LP est par exemple 4,5 fois plus élevé qu'en LEGT en septembre, et représente le triple à partir de novembre. Et, de même, alors que sont observés partout des "pics" d'absentéïsme en mai, ils sont particulièrement importants en LP par rapport aux établissements (36,9 % en mai 2019 contre 18,7 % en LEGT et 6,6 % en collèges).
Un absentéïsme "responsable" de 6,7 % de temps d'enseignement perdu en moyenne
La DEPP a mesuré aussi ce que ces absences représentent en temps d'enseignement perdu. Au total, pour tous les élèves du second degré confondus, tous motifs confondus et qu'elles soient justifiées ou non, ces absences représentent en moyenne 6,7 % de temps d'enseignement perdu, taux qui descend en moyenne à 1,6 % lorsque l'on regarde seulement les absences non justifiées, un résultat "similaire à celui des années précédentes", observe la DEPP. Assez logiquement, du fait de leurs plus forts taux d'absentéïsme, les LP sont "les plus touchés" : 10,9 % contre 7,6 % d'heures d'enseignement perdues en LEGT et alors que ces volumes de temps d'enseignement perdus descendent jusqu'à seulement 3,4 % dans les établissements qui affichent le moins d'absentéïsme.
Enfin, au-delà du taux d'absentéïsme global, tous motifs confondus, ce sont les lycées professionnels qui concentrent aussi, assez logiquement, le plus d'absentéïstes, ceux qui franchissent le seuil des quatre demi-journées dans le mois, comme les absentéïstes dits "lourds" (atteinte d'un seuil de dix demi-journées par mois d'absences non justifiées), alors que la proportion de ceux-ci "reste limitée" sur l'ensemble des établissements (autour de 1 %) : en 2018-2019, ce taux en LP s'élève à 5 % contre 1,8 % dans les LEGT et 0,6 % dans les collèges.
Une proportion "limitée" d'absentéïstes lourds et très peu d'élèves "signalés"
Pour autant, au-delà de ces variations importantes - l'absentéisme touche moins de 2,6 % des élèves dans la moitié des établissements, moins de 0,8 % dans un quart d'entre eux alors que pour un établissement sur dix, ce taux dépasse 15 % - et de l'exposition particulière des LP à ce phénomène, la DEPP observe que l'absentéïsme n'a augmenté que "modérément" d'une année sur l'autre, de 0,4 point pour l'ensemble des établissements.
De même, le nombre d'élèves signalés aux DSDEN (Directions des services départementaux de l'Éducation nationale), c'est-à-dire ceux dont la persistance du défaut d'assiduité n'a pu être enrayée par les mesures mises en œuvre au sein de l'établissement, reste faible (0,4 % en moyenne). Et c'est seulement dans sept départements que le taux moyen d'élèves signalés dépasse 1 %.
La note d'information ici
Camille Pons