EXCLUSIF : Anne Coffinier mise à pied de la Fondation pour l'école
Paru dans Scolaire le dimanche 08 septembre 2019.
Selon les informations recueillies par ToutEduc, le Conseil d'administration de la FPE, réuni hier vendredi 6 septembre a voté la mise à pied en vue de son licenciement d'Anne Coffinier, directrice générale (et co-fondatrice) de la Fondation pour l'école. Précédemment, Axelle Girard, qui était responsable des relations institutionnelles avait été de même mise à pied en vue de son licenciement.
Cette crise intervient après la séparation de la Fondation pour l'Ecole et d'Espérance banlieues dont un audit avait "mis au jour des irrégularités dans la gestion", selon les informations publiées alors par Médiapart. Elle a déjà provoqué une mission de l'IGA (inspection générale de l'administration, ministère de l'Intérieur) qui devrait rendre son rapport le 15 septembre. Datée du 1er août, la lettre de mission, que ToutEduc a pu consulter, fait état de "graves conflits internes, cristallisés autour d'une de ses fondations abritées, la fondation Espérance banlieues", dont la dissolution le 9 avril "n'a pas suffi à rétablir un fonctionnement plus apaisé". Le courrier demande à l'IGA "d'établir un diagnostic du fonctionnement de la fondation, notamment en ce qui concerne le respect de ses obligations légales (...) et son exposition aux risques ; d'examiner les éventuels conflits d'intérêts concernant ses dirigeants et le caractère désintéressé de leur gestion (...)."
Les " irrégularités" concerneraient également l'Ecole Saint-Dominique du Pecq (92), dont le président est Eric Doutrebente, par ailleurs membre du CA de la FPE. Dans cette école, la messe est dite "par des prêtres de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre". Outre des problèmes de gestion, le conflit qui oppose Anne Coffinier à une bonne partie du conseil d'administration est en effet politique. Celle-ci, toujours selon son entourage, a voulu que la fondation, conformément à son objet, finance toutes écoles hors contrat, quelle qu'en soit l'orientation pourvu qu'elles répondent à des normes de qualité, tandis que d'autres auraient voulu privilégier les écoles catholiques traditionnalistes. Certains membres du CA ne font d'ailleurs pas mystère de leurs opinions, comme Jean-Marie Schmitz, par ailleurs membre fondateur de la fondation Jérôme Lejeune et président de "Secours de France", une association née en 1961 "des tragédies vécues lors de l’indépendance de l’Algérie". Lionel Devic, président de la FPE et avocat associé au cabinet Delsol, serait pour sa part, avec le pseudo LeoDeClinvi, l'auteur de tweets très peu "politiquement corrects".
La mise à pied d'Anne Coffinier, et son éventuel licenciement, auront donc des conséquences importantes pour celles des écoles hors contrat (ou "indépendantes") dont le financement est, pour partie, assuré par la FPE.
ToutEduc n'a pu joindre la Fondation pour l'Ecole, mais donnera évidemment la parole à ses responsables.