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Elèves allophones et enfants issus de voyageurs : quelle volonté politique de l'Education nationale ? (rapport au Défenseur des droits)

Paru dans Scolaire le jeudi 27 décembre 2018.

"La place importante prise par le secteur associatif (...) nous amène à douter de la volonté institutionnelle de l’Éducation nationale à donner véritablement un caractère prioritaire à la scolarisation des EFIV (enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs)" et des EANA (élèves allophones nouvellement arrivés), écrivent les coordinatrices de l’étude EVASCOL Maïtena Armagnague et Isabelle Rigoni (INS HEA) pour le Défenseur des droits.

"Dans le 1er degré, le fait que les parents n’aient à identifier qu’un seul enseignant" semble leur donner confiance, mais "au collège, les relations sont moins fréquentes et plus formelles, voire inexistantes". L'étude souligne d'ailleurs l'isolement des enseignants d’UPE2A et d’UPS (les unités pédagogiques "pour élèves allophones arrivants" ou "spécifiques") et pointe le manque de "concertation avec le reste de l’équipe pédagogique".

Après leur sortie de ces dispositifs, les élèves se retrouvent dans le collège de secteur "sans réelle concertation, ni suivi", ce qui "peut générer des situations violentes" : "démotivation, échec scolaire dans le nouvel établissement, déscolarisation en raison de mauvais résultats ou d’un sentiment de déconsidération, voire retour au pays d’origine, etc. (...) Plus inquiétant encore, la sortie effective du dispositif est régulièrement interprétée comme automatique au bout d’un an et n’est quasiment jamais décidée au regard des performances scolaires de la classe d’âge de référence ou de la progression réalisée par l’élève depuis son arrivée dans le système éducatif." Il faudrait pourtant prendre en compte "la durée d’appropriation de la langue française en tant que langue seconde, estimée entre 3 et 7 ans".

Ces familles sont d'autres part "victimes de discriminations dans l’accès à l’éducation, que ce soit en raison de leur mode de vie ou de leur origine réelle ou supposée". De leur côté, "certains élèves, surtout les collégiens, témoignent d’une vision de l’institution scolaire et de ses représentants négative et coercitive, tandis que d’autres y voient déjà un moyen d’émancipation".

Les associations pallient l'insuffisance des moyens des établissements

Quant à "l’accès des professionnels aux formations continues", il "s’appuie sur des moyens qui varient considérablement selon les académies". Ces enseignants constituent pourtant "le seul lien entre les différents acteurs scolaires et les élèves, leurs familles et réseaux", mais "les moyens accordés aux établissements scolaires par les pouvoirs publics ne sont pas suffisants pour mettre en oeuvre un accompagnement des familles" et de fait, ce sont souvent "les acteurs associatifs" qui jouent "un rôle complémentaire à celui des équipes éducatives".

Plus grave, l'étude dénonce "l’absence d’un pilotage national", "d’un véritable projet inclusif" ainsi que l'imprécision "des catégories et des dispositifs" qui provoque "des effets d’assignation et de confusion entre EFIV, voyageurs, élèves en difficultés, familles éloignées de l’école et/ou précaires". Elle préconise notamment de "renforcer la collaboration entre les acteurs institutionnels en rapprochant les CASNAV des rectorats et inspections académiques", de "rappeler le droit inconditionnel à une inscription scolaire quelle que soit la situation des familles des enfants concernés au regard de la domiciliation et du statut de leur lieu de vie", et d'inscrire l’inclusion de ces élèves dans le projet d’établissement pour "favoriser l’implication de tous les enseignants".

L'étude "sur la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (EFIV)" est téléchargeable ici

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