Les processus de l’apprentissage : l'Académie des technologies en propose une nouvelle approche
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 19 février 2018.
"Un apprentissage nouveau de l’esprit critique et créatif, face à un monde numérique conduisant parfois au panurgisme, est absolument vital. La survie du penser par soi-même dans un monde technologique où l’on pense tous très (trop) vite, et ensemble, est un vrai défi du nouveau siècle. Penser, c’est aussi penser contre les autres et parfois contre soi." C'est l'un des constats d'un rapport que publie l’Académie des technologies relatif aux "processus de l’apprentissage". La commission "Société et technologie" y met en évidence les changements de paradigmes qu’induisent les nouvelles technologies pour l’ensemble des acteurs chargés de l’apprentissage.
En effet, une des nouveautés mises en exergue dans le rapport est la place de l’usage des objets et de leur ergonomie dans l’appropriation-apprentissage faite par l’ "utilisateur" : ce n’est plus par la lecture d’un mode d’emploi que se constituent des compétences liées aux diverses utilisations mais par un cheminement : "On n’a pas appris, on a essayé, c’est tout" disent les adolescents à propos des outils numériques, et les auteurs ajoutent : "Cette attitude relève de ce qu’on pourrait appeler une curiosité décomplexée (décomplexée parce qu’elle accepte de se tromper)". Pour l’Académie des technologies, cette évolution peut se résumer d'une formule : "Passer du subir à l’agir".
Le rapport ajoute "L’apprentissage de l’utilisation du numérique et des nouveaux dispositifs qui ne cessent de voir le jour ne fait guère l’objet de didacticiels. Il se fait beaucoup plus par le bouche à oreille, par essais/ erreurs ; les constructeurs d’appareils et les promoteurs d’applications nouvelles ont intégré cette réalité". Et c'est maintenant aux enseignants de s’adapter à cette "génération Z", d'épouser un mouvement qui dépasse la fonction initiale qu'ils occupaient, dans une dynamique collaborative car les TIC favoriseraient l’émergence d’un nouveau travail en commun, avec moins de dressage et plus d’approches originales et individualisées, les deux allant de pair.
De plus, ces nouvelles technologies évolutives, propres à une redéfinition constante par les utilisateurs (notamment grâce aux logiciels libres), permettent la vicariance, c’est-à-dire une approche plus créatrice par chacun de l’outil, qui fait écho aux découvertes des neurosciences et à l’existence de plusieurs formes d’intelligence que l’apprenti va devoir désormais travailler spécifiquement en s’y familiarisant.
"Il s’agit maintenant tout autant d’acquérir des compétences"
"Il s’agit bien de l’apprentissage des élèves mais aussi, nouveauté importante, de celui, permanent, des enseignants", et l’Académie recommande de veiller à "l’importance du travail en équipe, équipes de professeurs mais aussi d’élèves : – dans ces équipes, les élèves s’entraînent et se forment les uns les autres et, simultanément, les enseignants répondent de façon multiple à leurs questionnements ; – les enseignants apprennent alors de leurs élèves, de leurs collègues et peuvent afficher sans problème les limites de leurs savoirs dans des domaines qui ne sont pas les leurs, démarche formatrice pour les élèves ! Dans ce travail en équipe, l’utilisation contrôlée d’internet doit être favorisée car cet outil permet l’accès à d’immenses réservoirs de connaissances. Les élèves le maîtrisent parfaitement et l’enseignant doit les aider à développer l’approche critique vis-à-vis de leurs contenus. Le but général des cours n’est plus restreint, comme naguère, à l’acquisition de connaissances. Il s’agit maintenant tout autant d’acquérir des compétences et l’objectif n’est pas d’abord d’obtenir un diplôme (par exemple le bac) mais de créer la motivation qui va faire tendre l’élève vers le choix d’une orientation réfléchie et active pour construire son projet de poursuite d’études. L’autonomie de l’élève, futur étudiant, est en filigrane."
Consulter le rapport (ici)