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Ressources numériques éducatives : Canopé, un opérateur aussi pour les parents ?

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le jeudi 15 février 2018.

Réfléchir à développer une offre également en direction de parents, en plus de l'offre développée pour les enseignants, telle est l'une des pistes de développement qui a été évoquée, hier mercredi 14 février 2018, par les représentants du réseau Canopé. Ceux-ci étaient auditionnés, autour de leur directeur général, Jean-Marie Panazol, par la mission parlementaire d'information sur l'école dans la société du numérique. Il s'agit ainsi "d'avoir un opérateur puissant et performant", explique celui-ci, "mais aussi de nature à répondre aux usagers", un travail actuellement "au cœur de la refondation du réseau Canopé", opérateur public aujourd'hui issu de la fusion de 31 établissements, l'ancien CNDP et les anciens CRDP.

"Créer un continuum entre la classe et après" et "s'ouvrir aux parents", comme le résume de son côté Olivia Lemarchand, est en effet l'une des orientations du réseau, "même si les enseignants restent la première cible". Certes, une offre existe mais elle se décline surtout au travers d'ateliers comme ceux qui sont proposés aux enseignants, poursuit la directrice en charge du projet stratégique du réseau. Des ressources avaient bien été créées pour des parents, par exemple 450 films, baptisés "les fondamentaux", pour accompagner les apprentissages du primaire, mais, observe-t-elle, "ce sont les enseignants qui s'en sont emparé".

"Pas de stratégie du numérique sans lieu physique" : 110 ateliers répartis sur le territoire

Les représentants de Canopé ont également évoqué le développement en direction des enseignants et qui s'est traduit, depuis la fusion du CNDP et des CRDP et de Canopé, par des offres de services, notamment des ateliers, "lieux de co-construction et de réflexion plus actives et plus collaboratives, aussi lieux d'organisations d'événements en réponse à des enjeux également de collectivités et d'associations", précise Olivia Lemarchand. Des lieux "physiques" et "de proximité" répartis sur tout le territoire car, explique Laurent Tainturier, le directeur territorial des académies de Besançon et Dijon, "il n'y a pas de stratégie du numérique sans lieu physique".

110 ateliers sont actuellement proposés sur tout le territoire français (au moins un par département), alors que se développent également des ateliers menés "en résidence", c'est-à-dire au sein des établissements sur une ou deux journées, "plutôt en réponse à des demandes", précise Olivia Lemarchand. En 2016, 400 000 enseignants ont bénéficié de cette offre d'ateliers. Dans les académies de Besançon et Dijon, qui rassemblement 46 000 enseignants, ce sont 30 000 participants qui ont été recensés sur l'ensemble des 8 ateliers mis en place, ce à quoi s'ajoutent 220 visites effectuées au sein des établissements. 

Un expérimentation de Maison universitaire qui rassemblera ESPE, Canopé, et plusieurs services du rectorat de Besançon

Jean-Marie Panazol a indiqué par ailleurs que l'opérateur avait la volonté de se rapprocher des enseignants. "Personne ne nous prescrit, nous devons être attractif", complète Laurent Tainturier. Des médiateurs sont à ce titre en charge, lorsque les enseignants viennent emprunter des ressources, de proposer à l'enseignant "une médiation plus large qui dépasse sa demande initiale", par exemple pour intervenir "en réponse à une demande collective". Par ailleurs, l'opérateur est associé à des laboratoires pour accompagner une quarantaine de projets autour du codage et de la robotique, donc davantage autour de la "compréhension du numérique".

Le rapprochement avec d'autres acteurs de l'éducation fait en effet partie des priorités de l'opérateur pour faire évoluer ses ressources et ses services. À Besançon va par exemple s'ouvrir un "cluster" dédié à la formation, une "Maison universitaire de l'éducation", qui regroupera l'ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation), la CARDIE (Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation), le pôle formation continue du rectorat, la DAN (délégation académique numérique) et Canopé, "afin de créer les conditions de l'innovation et de la transformation de la formation des enseignants", annonce Laurent Tainturier.

Construction d'un nouveau modèle économique

Une ressource, Mathador, un jeu de calcul mental transmédia, sert par ailleurs de cadre de recherche à trois universités (Paris-Diderot, Cergy-Pontoise et Paris 8) et au CNAM. Ce projet, retenu dans le cadre de l'appel à projets e-FRAN, doit valider ou non l'existence de "profils calculant", en analysant les données livrées par les enfants qui jouent, ce dont se chargera le CNAM. Actuellement plus de 25 000 boîtes de jeu ont été vendues, 1160 enseignants s'y sont abonnés par l'intermédiaire de leurs établissements. Ce sont environ 40 000 élèves de 1800 classes qui participent actuellement au jeu concours.

Le réseau Canopé a également été missionné pour travailler à la diffusion des résultats des travaux du Conseil scientifique de l'Éducation nationale auprès de tous les enseignants.

La question de la vente et de l'abonnement se pose autour de la construction du nouveau modèle économique de Canopé. Le réseau "cherche un équilibre économique" alors que des crédits, "disparaissent", ceux des Régions qui subventionnaient auparavant les CRDP, explique Jean-Marie Panazol. À ce titre, l'opérateur génère donc aussi une "offre marchande" pour "répondre davantage à des demandes individuelles", mais "à des tarifs qui n'ont rien à voir avec le privé", insiste le directeur général.

Revoir le portail Myriaé autour d'un principe de "chaînes"

Mathieu Jeandron, le directeur du numérique pour l'éducation au ministère de l'Éducation nationale, qui était auditionné dans la foulée, a indiqué que se menait aussi une réflexion en collaboration étroite avec Canopé sur la rationalisation des ressources existantes, "nombreuses", mais "de qualité plus ou moins variables". Une mission, en cours de constitution, devra notamment retravailler le portail Myriae, portail de recherche et de présentation des ressources numériques pour l'École ouvert depuis fin 2016, qui constitue un "demi-échec" selon le DNE. Celui-ci, qui "avait vocation à donner davantage de lisibilité à l'ensemble des ressources" (lire ici), "ne trouve pas son public" et "les ressources n'y viennent pas".

Le portail pourrait évoluer vers une présentation par "chaînes" : une chaîne Canopé, une chaîne dédiée aux contenus qui seront produits par le conseil scientifique de l'Éducation nationale, un chaîne dédiée aux contenus de l'Inspection générale, une chaîne rassemblant des ressources produites par les enseignants... Ce nouveau travail sur Myriaé est d'autant plus important, estime le DNE, que "les enseignants partageraient plus volontiers dans un contexte où la propriété intellectuelle est garantie", et celle de la protection des données également.

Conservation du livre papier, mais comme partie d'un éco-système

De son côté, le réseau Canopé a transformé ses 53 collections d'ouvrages en 3 univers "simples" : "éclairer", "maîtriser" et "agir". L'un des objectifs prioritaires, précise encore Olivia Lemarchand, "n'est pas de produire à tout prix", mais "de rassembler l'offre, la rendre plus visible, mais aussi de la prolonger par des ressources et services complémentaires". Une orientation qui concerne d'ailleurs le livre papier, dont elle a confirmé qu'il gardera "une place importante mais dans une approche transmédia". "Si un livre sort tout seul, il est en danger", complète Laurent Tainturier. "Il faut créer et animer un éco-système dont le livre n'est qu'une partie". Il s'agit par exemple de créer autour un événement, comme une rencontre avec l'auteur, un parcours M@gistère, un court métrage...

Les acteurs présents ont également annoncé la mise en œuvre prochaine, sur le modèle de l'université numérique d'automne de Dijon, créée il y a 4 ans et qui compte parmi les événements autour du numérique les plus importants du territoire, le lancement d'une université du même type en Normandie. La première, qui attire quelque 2500 visiteurs, est l'occasion, au travers de conférences, de stands, la présence de médiateurs..., "d'aller chercher" les enseignants qui peuvent être "résistants" ou "indifférents", estime Laurent Tainturier.

Camille Pons

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