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Les missions du Conseil scientifique de l’Éducation nationale

Paru dans Scolaire le jeudi 11 janvier 2018.

Stanislas Dehaene, professeur  de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France et président du tout nouveau Conseil scientifique de l’Éducation Nationale, a présenté à la presse, hier 11 janvier, les cinq axes de travail de cette assemblée de vingt et un membres où l’on compte des philosophes, des économistes, des sociologues, des chercheurs en sciences de l’éducation et pas moins de six experts en sciences cognitives .

Pour le ministre qui installait ce nouvel organisme consultatif il s’agissait d’apporter une lecture plus rassurante de sa composition et de ses missions après les craintes formulées par le SNUIPP ( principal syndicat des enseignants du premier degré) soutenu par un appel d’une cinquantaine de chercheurs. "Dans le dialogue permanent que l’école doit entretenir avec la recherche,  aucune discipline ne peut légitimement s’imposer aux autres et aucune ne doit être ignorée", écrivaient-ils.

L'esprit des lumières 

Pour Jean-Michel Blanquer , "ne pas tenir compte des révolutions que nous sommes en train de vivre serait une forme d’obscurantisme (...) Nous sommes à une ère qui est parfois qualifiée d’ère de la post vérité. Il y a aujourd’hui en effet une contestation de l’esprit des lumières... La république est née de l’esprit des lumières et l’école de la République, c’est une évidence, est née de la république. Quand l’école de la république s’éloigne de l’esprit des lumières, elle s’éloigne d’elle-même (...) Et ce conseil scientifique signifie aussi cela. »

Il s’agit donc pour le ministre d’initier à "une démarche scientifique dont on doit rappeler qu’elle est inspirée aussi par le doute scientifique en permanence".

 

Les cinq axes de travail du conseil scientifique

1- Evaluation et intervention. "Peut-on par les moyens que nous avons de la psychologie et des sciences cognitives contribuer à fournir des tests et mais ça peut être aussi des évaluation sous forme de jeux qui permettent de dire à quel niveau d’apprentissage se situe un enfant ?" interroge Stanislas Dehaene, qui évoque aussi la nécessité de fournir aux enseignants des outils adaptés aux situations individuelles de leurs élèves

2- La formation et les ressources pédagogiques. Pour Stanislas Dehaene, "il y a un minimum de bagagescientifique que les enseignants devraient maîtriser sur les apprentissages", il s'agirait d'élaborer un programme pour la formation initiale mais également un MOOC au service de la formation continue des enseignants

3- Pedagogie et manuels. Il s’agit de définir une sorte de cahier des charges pédagogique avec des recommandations sur la mise en œuvre des programmes.

4- Handicaps et inégalités. Le conseil envisage de proposer des interventions spécifiques comme l’adaptation des manuels, des examens, des pédagogies pour les enfants qui ont besoin de soutien supplémentaire afin de surmonter des handicaps sociaux, neurologiques, sensoriels

5- Metacognition et confiance en soi, ou, plus simplement "apprendre à apprendre". "Est-il intéressant pour les enfants de se comprendre soi-même, de comprendre comment ils apprennent, de maîtriser les stratégies d’apprentissage qui peuvent par exemple les faire réviser mieux ou leur faire comprendre que le sommeil c’est important ? (...) Les études internationales montrent qu’il est extrêmement important que l’enfant ne sous-estime pas ses propres capacités"

Le président du Conseil scientifique évoque également la question de l’expérimentation en milieu scolaire pour vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas. Le conseil scientifique sera en interaction très étroite avec la DEPP (le service statistique et d'évaluation de l'Education nationale) qui mettra en place un certain nombre d’expérimentations pour valider ce que l’on croit savoir et tiendra régulièrement des colloques d’information. Le premier se tiendra le 1er février au Collège de France et sera consacré au rôle de l'expérimentation en milieu scolaire.

"Les sciences POUR l'éducation"

Le Conseil scientifique travaillera également avec les deux inspections générales "qui vont connaître une transformation", "la notion même d'inspection" étant repensée, annonce le ministre, mais aussi avec le Cnesco et le CSP (conseils en charge de l'évaluation du système scolaire et des programmes d'enseignement), ainsi qu'avec la DGESCO (la direction de l'enseignement scolaire), l'ESEN (l'école des cadres de l'Education nationale), le réseau Canopé et les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), notamment pour la formation continue des enseignants. 

Claude Tran

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