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Dans une France qui a "du mal à débattre sereinement", le CSP "n'a pas vocation à disparaître"

Paru dans Scolaire le jeudi 13 avril 2017.

"Certains candidats [à l'élection présidentielle, ndlr]veulent supprimer le Conseil supérieur des programmes, 'vendu aux pédagogistes' ", mais "le CSP n'a pas vocation à disparaître", a affirmé Michel Lussault, l'actuel président de cette institution mise en place par la loi de refondation de l'école le 8 juillet 2013, lors d'une conférence-bilan sur les trois années d'activité du CSP ce jeudi 13 avril (ici). Dix jours avant l'élection présidentielle, M. Lussault a fait le point sur les freins à un débat serein autour de l'éducation et des programmes en France et mis sur la table les différents chantiers pour l'avenir envisagés par le CSP.

"Un des rôles du CSP devrait être de pourvoir la société dans son ensemble de données fiables sur les programmes", mais le débat ne s'anime que sur des polémiques, a ainsi remarqué le président du Conseil, citant notamment le débat houleux sur les programmes d'histoire et appelant à s'extraire des "polémiques purement idéologiques" (voir ToutEduc ici et ici).

Prisonniers du temps politique

A cela s'ajoutent les contraintes du temps politique qui viennent bousculer le temps long de la réforme éducative. "Réformer l'ensemble des programmes n'avait jamais été fait", a rappelé Michel Lussault, et le temps initialement prévu, même s'il a été ensuite allongé, ne "nous a pas toujours permis d'être aussi précis que nous aurions voulu le faire".

Ainsi, les membres du CSP regrettent de n'avoir pas pu suffisamment expliquer aux parents les enjeux de cette réforme des programmes - aucun représentant de parents d'élève ne siège au sein de l'institution. Les formations ont également dû être mises en place très rapidement or "les enseignants aussi ont besoin de temps pour s'approprier un programme", a expliqué Denis Paget, chargé de recherches à l'institut de recherche de la FSU et membre du CSP, estimant qu' "un programme se rôde en trois ans". Les nouveaux programmes "curriculaires exigeraient une modification de la formation des enseignants", a poursuivi M.ichel Lussault, axée davantage sur le travail collectif par exemple. La formation initiale et continue des enseignants est un des chantiers pour le prochain quinquennat selon lui.

Chantiers pour l'avenir

Le CSP revendique "une indépendance d'esprit totale" mais reconnait avoir dû "inventer sa place" au cours de ces trois années : dans le débat public, où son travail n'est pas toujours bien reconnu et compris (notamment sur le socle commun de connaissances), et dans les institutions, car le Conseil est parfois oublié dans les consultations. "On voudrait que le CSP soit mieux associé à l' 'après-vente' de la réforme des programmes", a précisé M. Lussault, à propos des évaluations. Selon lui, l'appréciation de l'impact de ces nouveaux programmes ne se fera pas avant neuf ans, c'est-à-dire le temps pour un élève entré au CP en 2016 d'achever sa scolarité avec les nouveaux programmes.

Autre grand sujet d'avenir : la réforme du lycée. "Nous ne pouvons pas envisager de laisser le programme du lycée tel quel", a remarqué Michel Lussault, expliquant qu' "un toilettage du programme de seconde a été effectué car des éléments étaient abordés en troisième depuis la réforme des programmes". D'autres questions se posent : "faut-il considérer qu'à la fin de la scolarité obligatoire, le socle commun soit abandonné ?", "faut-il conditionner l'orientation à la validation du socle commun ?" - et donc accepter que des élèves qui veulent aller en filière générale puissent le faire à partir du moment où ils ont validé le socle commun de connaissances ? Le CSP espère répondre à ces questions grâce à une évaluation des programmes en place au lycée (qui datent de 2010) que les membres de l'institution voudraient voir mettre en place rapidement après l'élection. Tout cela dépendra cependant du bon vouloir de celui ou celle qui sortira vainqueur des urnes le 7 mai prochain.

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