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Numérique : une autre façon de penser à laquelle on peut être initié dès la maternelle (APEL)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 24 novembre 2016.

"J'ai pu apporter une logique à mon raisonnement en maths." Elève en seconde au lycée Jean-XXIII de Metz, poussé par ses parents et sans être convaincu, il a pris l'enseignement d'exploration ICN (informatique et création numérique) et il est venu, ce 24 novembre, apporter son témoignage lors de la présentation d'un sondage sur l'enseignement du code par l'APEL. Les parents de "l'enseignement libre" soutiennent les initiatives en la matière puisqu'ils ont attribué 1,3 M€ de subventions à quelque 700 projets innovants sur les 5 dernières années, et qu'ils reconduisent le programme à hauteur d'environ 200 000 €/an.

L'APEL a commandé cette année un sondage à l'institut BVA qui montre clairement que les parents (du privé comme du public) sont à plus de 90 % favorables à l'enseignement du codage informatique dans le second degré, une proportion qui tombe à 63 % pour le premier degré. Ils estiment que cet apprentissage aiderait leurs enfants à comprendre les questions de responsabilité "autour des outils numériques et de la robotique" (80 %), et jouerait un rôle dans leur avenir professionnel (65 %) ou dans la manière dont ils réfléchissent (63 %), mais ils ne sont que 40 % à penser que cet apprentissage contribuerait à "l'acquisition des compétences fondamentales (lire, écrire, compter)".

Beaucoup de parents voudraient une initiation

Le sondage montre que les parents ont bien compris que la question du codage amenait "bien au-delà de la technique", souligne l'APEL. Ils jugent important que cet enseignement "intègre des notions de liberté et de choix", d'éthique, de tolérance, de responsabilités... Et en même temps, ils sont inquiets. Seule une minorité (42 %) dit savoir ce qu'est le codage et se sentir "préparés pour accompagner leurs enfants dans ces nouveaux apprentissages". Une majorité souhaiterait d'ailleurs "bénéficier d'une initiation" (le sondage ici).

La fédération est bien consciente de la nécessité de "démystifier le sujet" et d'apporter à ses adhérents une information. Elle avait d'ailleurs invité, pour la présentation de ce sondage, Gilles Dowek (Inria). Celui-ci, comme il l'avait déjà dit à ToutEduc (ici) souligne qu'avec l'informatique, on accède "à une autre façon de penser le monde", et, plus concrètement, que tous les métiers sont concernés, les chauffeurs de taxi par le GPS qui rend inutilie leur connaissance des rues des villes, les commandes en ligne qui les a mis en concurrence avec Uber, et bientôt les voitures sans chauffeurs... David Wilgenbus, l'un des auteurs de "1 2 3 codez" (La main à la pâte, voir ToutEduc ici) insiste sur l'importance des activités informatiques "sans ordinateur" pour "introduire des bases transposbles dans d'autres contextes". Et, effectivement, une enseignante qui a fait travailler des CM avec le robot Thymio (voir ToutEduc ici) souligne que les élèves ont appris "la persévérance" et un nouveau langage qu'il faut acquérir le plus tôt possible. Une petite fille raconte que "quelque chose s'est débloqué". Un intervenant ajoute qu'on peut initier les élèves à la pensée algorithmique "des la maternelle". Un professeur de physique-chimie qui assure un enseignement d'informatique estime que son métier a changé, il ne s'agit plus de voir si les résultats sont justes ou faux, mais, pour chaque projet, "de comprendre quelle logique les élèves ont adoptée, ce qu'ils ont voulu mettre en place"...

Des enseignants et un horaire dédiés ?

Et, au vu des spécificités de cette forme de pensée, Gilles Dowek plaide une fois encore pour la constitution d'un corps d'enseignants spécialisés pour le second degré. Pour le premier degré, c'est dans les ESPE en formation initiale puis en formation continue que des professeurs des écoles polyvalents doivent être initiés à l'informatique, mais pour les collèges et les lycées, il est "absurde" de penser qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des enseignants formés et des heures dédiées comme on en a pour les autres disciplines. "On a les élèves, qui sont passionnés, le CSP (conseil supérieur des programmes, ndlr) a publié des programmes qui ne sont peut-être pas parfaits, mais ça va, on a le vivier avec des étudiants qui ne demandent que ça, alors qu'ils peuvent prétendre à des emplois bien mieux payés dans le privé. La politique du ministère est absurde."

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