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Enseignement de la langue française : des programmes et une formation qui se fondent sur les acquis de la recherche (N. Vallaud-Belkacem)

Paru dans Scolaire le mercredi 09 novembre 2016.

"Cette journée consacre l'unanimité des chercheurs et des spécialistes de l'enseignement, elle est pour nous un point d'appui pour combattre les idées reçues, la refondation est bien là pour renforcer l'acquisition des fondamentaux, et l'Ecole n'est pas éloignée de la recherche." L'entourage de la ministre de l'Education nationale, interrogé par ToutEduc, ne cachait pas sa satisfaction, hier 9 novembre, à l'issue de la journée "Enseigner la langue française, nouveaux programmes, apports de chercheurs". Najat Vallaud-Belkacem intervenait après que Stanislas Dehaene (Collège de France) eut fait la synthèse des interventions de Sophie Kern (CNRS), Sylvie Cèbe (Clermont-Ferrand), Anne Magnan (Lyon-II), Pascal Bressoux (Grenoble), Alain Bentolila (Paris-V), Catherine Brissaud (Grenoble), Michel Fayol (Clermont-Ferrand), Maryse Bianco (Grenoble). Tous ont présenté leurs travaux en cours sur la lecture et la compréhension des textes et le titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale s'est félicité du consensus sur "ce qui fait science et ne fait pas science" en ce qui concerne l'enseignement du français.

Il souhaite que ces travaux soient publiés de façon que les enseignants y aient largement accès, et le spécialiste du fonctionnement du cerveau "ne croi(t) pas" que l'imagerie cérébrale soit au centre, elle a un rôle à jouer, mais à côté des sciences cognitives. Il indique par ailleurs que le Comité national d'éthique "est en train de se pencher" sur les questions que pose la constitution, pour déterminer l'efficacité d'un programme ou d'un dispositif prometteur de groupes témoins d'élèves qui n'en bénéficient donc pas. Il a plaidé pour une indépendance de la recherche et de ses apports à l'égard des politiques, avant que la ministre ne souligne que "les nouveaux programmes sont adossés aux résultats de la recherche", comme le soulignait d'ailleurs le titre même de l'évènement.

"La situation est grave"

Sans citer la note de la Depp publiée le matin même (voir ToutEduc ici), elle déclare que "la situation est grave". Elle n'a pas manqué de rappeler l'importance des passions et des querelles, depuis "la querelle du Cid", que provoque toujours la langue française dont l’enseignement "est une question trop sérieuse pour être traitée à la légère, abordée à la hussarde, et caricaturée à l'envi", ajoute-t-elle, visant implicitement les propositions des candidats à la primaire de la droite et du centre : "Contrairement à l’idée que s’en font beaucoup de gens, oui, il y a un consensus sur ce sujet ! Il y a même, pour être précise, un socle de consensus (...) Ce n’est pas un mot qui fait rêver, surtout en France où nous aimons les bonnes vieilles querelles et les oppositions tranchées (...) Que l’on cesse de ne s’intéresser uniquement qu’à la question des horaires : si l’enseignement n’est pas efficace, peu importe que vous y consacriez 20h ou 35h ! Ce sera vain (...)  Menons des politiques de la preuve et par la preuve, ou, pour le dire dans la langue de Shakespeare, des 'evidence based policies' (...) Il serait grave, et même dangereux, de se passer des apports de la recherche", mais il ne s'agit pas d' "imposer des solutions toutes faites" aux enseignants qu'il faut "accompagner", "soutenir", "aider", "former", et les Espé (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) doivent leur faire acquérir "l’aptitude à progresser et à revisiter leur pratique professionnelle".

C'est aussi qu'en éducation, "il n’y a pas de rupture technologique, de vérité révélée mais (d)es avancées progressives, prudentes et rigoureuses." Elle préfère parler d'une forme d' "artisanat, qui allie sans cesse le savoir et le savoir-faire, la théorie et la pratique, et qui demande aussi de savoir interroger sa propre pratique et l’améliorer sans cesse". L'enseignement est "un métier vivant", "qui évolue", et c'est pourquoi elle n'a "cessé de tisser et de renforcer" les liens avec la recherche, pour mieux former les enseignants "mais également les impliquer dans les projets de recherche, car on peut être, naturellement, enseignant et chercheur". Elle évoque à ce sujet le rôle des "instituts Carnot de l’Éducation" dont le "démonstrateur" en région Auvergne Rhône Alpes "a prouvé son efficacité".

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