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Evaluation des enseignants : les analyses du SGEN-CFDT, du SNES, de SUD-Education

Paru dans Scolaire le vendredi 16 septembre 2016.

"Sous réserve des moyens qui lui seront affectés, l'accompagnement des enseignants dans l’exercice de leur métier représente l'essentiel du projet ministériel" actuellement discuté avec les organisations syndicales dans le cadre du PPCR (voir ToutEduc ici), estime Frédéric Sève. Interrogé par ToutEduc, le secrétaire général du SGEN-CFDT juge positivement le projet. "L'accompagnement", explique-t-il remplace effectivement les anciennes inspections, mais celles-ci étaient connectées à l'espoir d'une promotion ou, à l'inverse, à une éventuelle sanction disciplinaire. Ce ne sera plus le cas, et l'essentiel de l'activité des inspecteurs portera sur l'aide à l'analyse des pratiques.

En ce qui concerne l'évaluation elle-même, il est réservé sur le fait de mettre des croix dans des cases. "Ce qui compte, c'est l'avis qui sera porté en quelques lignes." Il admet par ailleurs que plusieurs questions se posent, notamment celle du calendrier. Si les promotions qui seront mises en oeuvre l'an prochain selon le nouveau système doivent s'appuyer sur la nouvelle procédure d'évaluation, il faudrait que les textes soient publiés avant la fin de l'année civile. Or la transcription en décrets et arrêtés de ces principes sera complexe, d'autant qu'ils sont encore en cours de discussion. Le calendrier sera "compliqué" à tenir. Les organisations syndicales "réformistes" ont obtenu cet été que l'évaluation ne soit pas "contingentée". Dans un premier temps, il était prévu qu'inspection et direction d'établissement s'entendent pour limiter à 30 % le pourcentage des enseignants "excellent" puisque seuls 30 % d'entre eux auraient droit à une accélération de carrière. Or rien n'interdit de penser que plus de 30 % des enseignants d'une académie sont "excellents". Pourquoi pas 100 % ? Mais dès lors, sur quels critères les autorités académiques sélectionneront-elles les enseignants promouvables ? Seront-ils nationaux ? Seront-ils publiés ? Ce point n'a pas encore été évoqué.

Le SNES conteste le document d'appui

Par ailleurs, il s'étonne de l'attitude de SNES et du SNUIPP (les syndicats FSU du second et du premier degrés) qui se sont "raidis" hier alors que les réunions précédentes "se passaient bien". Interrogé par ToutEduc, Xavier Marand, secrétaire général adjoint du SNES, conteste qu'il y ait eu de sa part un changement d'attitude. Dès le départ, son organisation avait marqué ses réticences avec le "document d'appui" que les enseignants doivent renseigner avant leurs "rendez-vous de carrière". Les réunions précédentes n'ont pas porté sur ce point, qui n'est venu en discussion qu'hier. Pour l'organisation syndicale, ce document représente "une surcharge de travail" et "une source d'angoisse" pour les enseignants, d'autant qu'il restera dans leur dossier et pourra se retourner contre eux des années  plus tard. Ce document amène de plus à survaloriser des "activités périphériques au métier". Enfin, il est communiqué au chef d'établissement alors qu'il évoque des questions de pédagogie dont il n'a pas à connaître.

Dans un document interne débattu mardi 13 et mercredi 14 par son conseil national, le SNES reconnaît que le système actuel d'évaluation est "inadapté, relevant davantage du jugement que du conseil" puisqu'il "poursuit deux objectifs inconciliables : l'amélioration des pratiques professionnelles d'un côté et la gestion différenciée des carrières de l'autre". Il a toutefois des avantages, la "prépondérance de l’évaluation pédagogique" correspondant au "coeur du métier" (la conduite de la classe, ndlr), et "l’encadrement des notations" par des grilles de référence. Le syndicat estime que la mise en oeuvre d'un nouveau système d'évaluation suppose "une augmentation des contingents de formation continue". Il "s'opposera à toute transformation qui conduirait à fournir aux chefs d'établissement des outils supplémentaires de management". Il demande que soit publié un guide "permettant de cadrer nationalement les objectifs et attendus des inspections et entretiens". S'agissant de la grille d’évaluation, il demande que les avis soient "barémés afin de mieux objectiver l’avis final et la progression de carrière".

"Encore pire" pour SUD

SUD-Education dénonce pour sa part un projet synonyme de "soumission à la hiérarchie". En effet, "basé sur l’instrumentalisation managériale de l’autoévaluation", il est "encore pire" que le système actuel. Certaines des compétences évaluées "sont très générales et relèvent en grande partie de dimensions comportementales et relationnelles, bien au-delà des principes de déontologie professionnelle et du respect des missions de service public (...) Ce seront davantage de pressions de la part de la hiérarchie pour imposer la mise au pas des personnels et la docilité dans la mise en œuvre des réformes contestées ou l’obéissance aux ordres absurdes."

L'organisation revendique "une évaluation purement formative, complètement déconnectée de la progression des carrières et des rémunération" et "qui favorise la coopération et le travail en équipe". "Pourquoi ne pas instaurer entre collègues des visites les un-e-s dans les classes des autres, suivies d’échanges de pratiques permettant de discuter de ce qui fonctionne bien ou moins bien, et de chercher entre nous des réponses ?"

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