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Evaluation des enseignants : le projet ministériel

Paru dans Scolaire le jeudi 15 septembre 2016.

Ces 14 et 15 septembres, les organisations syndicales examinent les modalités d'évaluation des enseignants, dans le cadre des rendez-vous de carrière prévus par le PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations), mais aussi les formes et les finalités de "l’accompagnement des enseignants dans l’exercice de leur métier".

Pour le rendez-vous de carrière, chaque enseignant est invité à le préparer avec un document dans lequel il "produit une analyse réflexive (...) de sa pratique en identifiant les évolutions les plus caractéristiques de son parcours". Il est ainsi amené à évoquer en une dizaine de lignes "les réalisations et démarches qui lui paraissent déterminantes pour caractériser sa pédagogie (...)", mais aussi "quelques exemples" de "sa participation au suivi des élèves, à la vie de l’école" (ou de l’établissement) et de "son implication dans les relations avec les partenaires et l’environnement". Il décrit encore les démarches qu'il a accomplies ces dernières années "pour son développement professionnel". Enfin, il formule ses souhaits d’évolution de carrière ou de reconversion professionnelle.

Quatre niveaux de maîtrise pour 11 compétences

Chaque enseignant "a vocation à avoir quatre rendez-vous de carrière, pour envisager un avancement accéléré du 6ème au 7éme échelon, du 8ème au 9ème échelon, pour l'accès à la hors-classe, et enfin, éventuellement, pour l'accès à la classe exceptionnelle. L’enseignant transmet quinze jours avant le rendez-vous à son inspecteur et, pour le second degré, à son chef d’établissement, le document d’appui. "Le rendez-vous de carrière comporte une inspection en classe" suivie "d’un entretien pour le 1er degré et de deux entretiens pour le 2nd degré".

Ce rendez-vous donne lieu à un "compte-rendu d’évaluation professionnelle des enseignants". Pour chaque item, le niveau de maîtrise peut être "A consolider", "Satisfaisant", "Très satisfaisant", "Excellent". L'inspecteur évalue seul 5 items, "Maîtriser les savoirs disciplinaires et leur didactique", "Adapter les modalités de sa communication en fonction de son auditoire (...)", "Construire, mettre en oeuvre et animer des situations d'enseignement et d'apprentissage prenant en compte la diversité des élèves", "Évaluer les progrès et les acquisitions des élèves", "S'engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel".

Dans le premier degré, l'inspecteur évalue seul 6 autres items. Dans le second degré, c'est le chef d'établissement qui évalue seul les trois suivants, "Coopérer au sein d'une équipe", "Contribuer à l'action de la communauté éducative et coopérer avec les partenaires de l’école" (ou de l'établissement), "Coopérer avec les parents d'élèves". C'est avec l'inspecteur qu'il évalue les 3 derniers items, "Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques", "Organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l'apprentissage et la socialisation des élèves ", "Accompagner les élèves dans leur parcours de formation".

L'accompagnement "peut être initié à tout moment"

Parallèlement à ces évaluations, relativement espacées dans le temps, est prévu "l'accompagnement" qui "peut être initié, à tout moment de la carrière, par les personnels d’inspection ou de direction ou à la demande des personnels".

[Cet accompagnement remplace donc les inspections qui pouvaient avoir lieu à la demande d'un enseignant éventuellement parce qu'il avait besoin d'être conforté face au chef d'établissement ou à des parents d'élèves. Les inspections pouvaient aussi intervenir à la demande d'un chef d'établissement qu'inquiétait la pédagogie de tel personnel. Ce commentaire "ndlr" ne figure pas dans les documents dont ToutEduc a pu prendre connaissance.]

Selon le texte officiel encore en projet, l’accompagnement "peut se concevoir de manière collective ou individuelle", l’enjeu étant "de développer le potentiel individuel des acteurs de l’école ou de l’établissement et de construire des compétences collectives". L'accompagnement collectif "peut porter sur la conception et la mise en oeuvre de projets ou de dispositifs pédagogiques (...)", mais il peut aussi "consister en une aide à la mise en place des programmes et à l’évaluation des acquis des élèves"; il peut également "répondre à tout autre besoin exprimé localement".

Les visites dans la classe et les entretiens qui les accompagnent "sont principalement destinées à valoriser les compétences, identifier les besoins de formation et repérer les expertises spécifiques". Il s'agit de "consolider et développer les compétences professionnelles", de "remédier aux difficultés rencontrées par certains personnels", mais aussi de "favoriser la mobilité professionnelle" et de "conseiller les personnels souhaitant évoluer vers d’autres fonctions et notamment des fonctions d’encadrement". L'accompagnement "associe les cadres dont dépendent les enseignants (inspecteurs et chefs d’établissement) et le service académique de gestion des ressources humaines (...) Selon les besoins, il est fait appel au potentiel de formation de l’ESPE".

Les réactions du SE, du SNALC, de la FEP. 

Le SE-UNSA se félicite d'un "changement de logiciel". Pour le syndicat des enseignants, "il y avait urgence" à refondre les modalités d’évaluation des enseignants "tant le système actuel est opaque, injuste, inefficace et souvent infantilisant". A présent, "les enseignants sont tous considérés comme des professionnels experts des apprentissages" ; chacun "devient acteur de son parcours professionnel" et peut "mettre en exergue ses initiatives, y compris celles ignorées par l’institution".

A l'inverse, le SNALC considère que "la grille d’évaluation qui va servir de base à l’évolution professionnelle est un non-sens absolu". Pour le syndicat FGAF des lycées et collèges, elle "met sur le même plan des compétences qui n’ont pas du tout la même importance". Il se méfie notamment de l'item "contribuer à l’action de la communauté éducative et coopérer avec les partenaires de l’école" (ou de l’établissement) et propose de recentrer l'évaluation sur un nombre de critères restreint.

Interrogée sur le même sujet, la FEP (la fédération CFDT de l'enseignement privé) dit son inquiétude de voir l'item "Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques" utilisé par les directeurs pour sanctionner les enseignants qui n'adhèrent pas au "caractère propre" de l'établissement. Cet item était, dans une première version du texte, confié au seul directeur, il est maintenant évalué conjointement avec l'inspecteur, ce qui rassure la FEP.

 

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