En cas d'alternance, l'OCDE invite la droite à "ne pas détricoter" la refondation
Paru dans Scolaire le jeudi 15 septembre 2016.
L'OCDE encourage "les réformes mises en oeuvre" depuis 2012, la priorité au primaire, la promotion de l'interdisciplinarité, l'éducation prioritaire, la revalorisation des salaires des enseignants "vont dans le bon sens"; il faut espérer que le débat politique à l'occasion de la présidentielle et des législatives permettra de "prendre de la hauteur", et que, en cas d'alternance, il ne faudrait pas 'tout détricoter', estime Eric Charbonnier qui présentait ce 15 septembre l'édition 2016 des "Regards sur l'éducation". Avec Corinne Heckmann, il a exposé la situation française (voir ToutEduc ici). L'expert insiste, il ne dit pas que "tout va bien", il n'a pas encore d'éléments pour évaluer des effets des actions entreprises, mais il faut "reconnaître les points forts du système éducatif français". Il faut aussi cesse de se focaliser sur les moyens, et insister sur le qualitatif.
En ce qui concerne la maternelle, il rappelle que la France est pionnière, mais que d'autres pays développent actuellement la préscolarisation, et réfléchissent à des solutions intégrées 0-6 ans qui permettent d'agir précocément sur les difficultés.
Sur la réforme des rythmes, il était nécessaire de rétablir une semaine de 4jours et demi, mais les élèves français comptent encore moins de journées de classe que leurs homologues (162 jours contre 182 jours en moyenne des pays européens), et ont plus d'heures de classe que la moyenne de l'OCDE.
Les chefs d'établissement français voient 5 fois moins souvent que leurs homologues les enseignants faire cours, et ceux-ci ont moins souvent que leurs collègues des retours de leurs pairs sur leurs pratiques. L'OCDE ne promeut pas systématiquement l'autonomie des établissements, si les responsables ne rendent pas compte de leur action, celle-ci peut n'avoir aucune efficacité, mais Eric Charbonnier relève que les établissements où s'est installée une dynamique commune entre la direction et les enseignants se portent mieux et peuvent attirer des publics divers, ce qui va dans le sens de davantage de mixité sociale. Malheureusement, cette harmonie résulte du hasard des affectations.
Les dépenses au niveau lycée sont de 37 % à la moyenne de l'OCDE, ce qui s'explique par le nombre des options, par l'importance de la filière professionnelle, mais aussi par le temps de travail des agrégés, 15h devant élèves au lieu de 18, la moyenne OCDE étant de 21h. Eric Charbonnier ne préconise pas un alignement des agrégés sur les certifiés, mais une réflexion sur un autre équilibre entre le travail devant élèves et le travail en dehors de la classe.
Plus globalement, l'OCDE préconise de passer à une approche beaucoup plus différenciée, plus qualitative de la gestion de l'Education.