Les PRE (programmes de réussite éducative) ont des effets importants sur le destin des enfants (rapport Trajectoires)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 16 mars 2016.
Le programme de réussite éducative, créé en 2005 par la loi de programmation pour la cohésion sociale, "est une condition indispensable de la réussite scolaire", et "le pari de l’individualisation de l’aide à apporter aux publics fragiles est gagné". La conclusion de l'enquête qualitative, menée par le cabinet "Trajectoires" est très différente de celle de l'enquête quantitative, menée par l'IPP (voir ToutEduc ici) sur le même sujet et pour le même commanditaire, le Commissariat général à l'égalité des territoires. Pour Pascal Bavoux, Valérie Pugin et Justine Lehrmann en effet, "cet accompagnement innovant produit des effets importants" et permet de "repositionner sur une trajectoire positive" des enfants en difficulté. Certains voient leurs résultats s'améliorer rapidement. Pour d'autres, qui cumulent trop de difficultés pour que les résultats se concrétisent rapidement, les auteurs constatent néanmoins que "les parents se mobilisent peu à peu" et "s’il y a peu voire pas d’effets sur les résultats scolaires des enfants, le parcours personnalisé leur permet d’entrer ou de rester dans les apprentissages, en lien positif avec l’institution scolaire". Le rapport évoque "un apaisement du contexte, la recherche de solutions positives dans un champ des possibles parfois restreint, un soutien pour la famille qui peu à peu envisage des solutions qu’elle n’aurait pu trouver seule".
Toutefois, l'enquête qualitative révèle "un certain nombre de limites" puisque "le lien entre le référent de parcours qui suit l’enfant et l’enseignant de ce dernier" fait souvent défaut. Les PRE sont aussi amenés à prendre en charge "de nombreux enfants dont les difficultés sont telles que le dispositif ne parvient pas à les enrayer" lorsque se cumulent les fragilités : "Les parcours personnalisés apportent (alors) un soutien global à la famille, permettent à l’enfant de participer à des activités hors du cadre familial et scolaire (...), mais ne résolvent pas les difficultés profondes rencontrées par l’enfant et sa famille" et il faudrait "repenser les modalités de prise en charge de ces enfants".
La difficulté scolaire peut être le reflet d’une autre fragilité d’ordre familial, sanitaire, social, etc.
A ces réserves près, "la création de ce dispositif sur les territoires les plus fragiles répond non seulement au constat répété de l’ampleur des inégalités qui touchent les enfants de milieux populaires en matière d’éducation mais aussi à la difficulté de l’institution scolaire à les résorber seule" et les PRE prennent bien en compte "que la difficulté scolaire peut être le reflet d’une autre fragilité d’ordre familial, sanitaire, social, etc. qu’il faut d’abord résorber". Le dispositif intervient donc sur "l’accès aux soins, le soutien scolaire, l’ouverture aux pratiques sportives et socioculturelles, l’estime de soi, l’accompagnement des parents vers les institutions de droit commun" tandis que "la marge de manoeuvre laissée par les directives nationales permet à chaque projet de s’adapter à son contexte". Cette souplesse organisationnelle "s’incarne dans la réactivité du dispositif (...) et dans l’accompagnement de grande proximité mis en oeuvre par le référent de parcours, tout à fait singulier dans le paysage des interventions éducatives et sociales".
A noter que la divergence entre l'étude quantitative menée par l'IPP et l'Ecole d'économie de Paris et l'étude qualitative menée par le cabinet Trajectoires correspond exactement à celle déjà constatée pour l'évaluation des "Coups de pouce CLE" (voir à ce sujet ToutEduc ici, ici, ici)