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Théorie du complot : "Un ennemi intime du savoir et de la connaissance" (Najat Vallaud-Belkacem)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 09 février 2016.

"On m’accuse bien d’avoir fomenté un complot contre l’accent circonflexe en 1990 alors que j’étais en classe de 5e !", s’est exclamée Najat Vallaud-Belkacem en introduction à la journée d’étude "Réagir face aux théories du complot" qu’elle a organisé le 9 février à Paris. "J’ai voulu cette journée parce qu’à cause d’Internet le phénomène s’amplifie. La théorie du complot est un ennemi intime du savoir et de la connaissance, elle dévoie, simplifie et fascine justement par sa simplicité. Face à la complexité du monde elle donne un sens caché et une explication à tout."

"Face à ce discours, les enseignants doivent être accompagnés et soutenus", a souligné la ministre de l'Education nationale. "Cette journée est un commencement. Elle sera suivie de la création d’outils pédagogiques adaptés (un exemple ici, ndlr), d’un appel à projets en direction des équipes qui ont déjà abordé ce thème et d’un parcours magistère mis en place d’ici la fin de l’année". Elle a particulièrement insisté sur les professeurs documentalistes dont le rôle "est inscrit dans les nouveaux programmes" et qui devront avoir "encore plus de place dans les établissements".

"Nos élèves ne sont ni stupides ni fous"

Lors de la table ronde qui a suivi, Ronan Cherel, professeur d’histoire-géographie en collège dans l’académie de Grenoble a témoigné de sa démarche face à des élèves qui développaient des théories du complot pour expliquer les attentats de janvier dernier : "Au début, j’étais désarmé mais je me suis rendu compte que ça ne servait à rien de débattre frontalement avec des élèves victimes des théories du complot. On ne gagne pas comme ça. Nos élèves ne sont ni stupides, ni fous. Notre rôle d’enseignant, c’est de les faire progresser, de leur montrer comment s’organisent ces théories, de les mettre en situation de donneurs d’informations, de les faire participer. Donc, on a créé un journal dont le premier numéro avait pour thème la liberté."

Sophie Mazet, professeur d’anglais en collège dans l’académie de Créteil, a imaginé "des cours d’autodéfense intellectuelle", Rose-Marie Farinella, professeure des écoles dans l’académie de Grenoble, a donné "des cours d’esprit critique", Amélie Fleury, professeure documentaliste dans l’académie de Besançon, a créé "un lien entre les infos qu’on reçoit en classe et celles qu’on a dans sa poche"… Autant de réponses pédagogiques face à la théorie du complot, saluées par la ministre, mais qui témoignent d’un réel désarroi et surtout, comme le souligne Lionel Vighier, professeur de lettres en collège dans l’académie de Versailles, d’un "manque de formation".

Interrogée à l’issue du débat sur les problèmes actuels de formation initiale et continue dans le cadre de la réforme des collèges, Najat Vallaud-Belkacem a répété "toutes les ressources seront mises à la disposition des enseignants. Nous ne partons pas de rien. Il y a des enseignants qui travaillent depuis longtemps sur ce sujet. J’insiste, c’est un sujet qui ne doit pas être sous-estimé par l’école. C’est un des défis majeurs auxquels nous devons répondre."

 

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