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Québec : François Blais succède à Y. Bolduc, la presse n'évoque pas les polémiques liées au "renouveau pédagogique"

Paru dans Scolaire le samedi 28 février 2015.

François Blais succède à Yves Bolduc au ministère québécois de l'éducation. Il devra notamment gérer le délicat dossier de la réorganisation des "commissions scolaires", dont son prédécesseur voulait diminuer le nombre, passer de 72 à 46, soit 36 francophones, 7 anglophones et 3 à statut particulier. La presse canadienne ne relie pas cette crise gouvernementale, surtout due aux maladresses du précédent ministre, à une crise plus générale du système éducatif. Celui-ci fait pourtant l'objet de commentaires passionnés depuis qu'ont été rendues publiques, au début du mois de février, les conclusions du "rapport Larose" sur "le renouveau pédagogique". Selon les informations de ToutEduc, certains enseignants ont mal vécu cette réforme, introduite en 2005 dans la première classe du secondaire, l'équivalent de notre classe de 5ème, puis progressivement jusqu'en 5ème (l'équivalent de notre classe de 1ère) et ils en ont boycotté l’évaluation par une équipe de chercheurs qui n'ont pu distinguer les effets des élèves en fonction de l’adhésion ou non des enseignants à ses finalités. Quoi qu'il en soit, les résultats n'étaient pas au rendez-vous.

La réforme est "fondée sur le désir d’améliorer la motivation des élèves, de susciter leur engagement scolaire et, ultimement, de favoriser leur réussite". Pourtant, les chercheurs n'ont observé "aucune différence quant à certaines variables pédagogiques ou motivationnelles" entre les élèves qui ont fait leur rentrée dans le secondaire avant et après le RP, le "renouveau pédagogique". Celui-ci n’a pas "engendré les effets positifs escomptés", voire au contraire, a généré "un climat de classe moins axé sur la maîtrise des contenus" dans certaines disciplines. Pourtant les élèves "ont perçu un climat d’apprentissage moins axé sur la performance" et ils "ont aussi dit obtenir davantage de soutien à l’autonomie en sciences". Les garçons "ont trouvé plus important de s’engager sur le plan civique".

Davantage d'aide individualisée

L'équipe de l'université Laval, dirigée par Simon Larose et Stéphane Duchesne, s'interroge sur les causes de ces résultats mitigés : "il est possible que les enseignants n’aient pas reçu tout le soutien pédagogique ni le matériel nécessaires à une appropriation réussie des nouveaux cours du RP (...) Le sentiment de compétence de l’enseignant agirait positivement sur le climat de classe et influencerait indirectement la réussite éducative de l’élève." Parmi les effets du "RP", l’augmentation des plans d’intervention fait problème : "reflète-t-elle un effet positif ou négatif du RP?", Faut-il penser que "les écoles dépistent mieux les élèves à risque et sont plus proactives dans la mise en place de mesures préventives et dans l’offre de services" ? ou que les élèves "sont plus nombreux à vivre des difficultés d’apprentissage et d’adaptation"? Le RP a entraîné "une augmentation des heures d’enseignement dans plusieurs disciplines de base", ce qui a pu contribuer à une élévation des exigences, donc des difficultés "des élèves les plus à risque". 

Toujours est-il que 50 heures d’enseignement supplémentaire en mathématiquee nont pas eu "l’effet bénéfique anticipé sur les connaissances des élèves". La situation en français n’a pas beaucoup changé, là aussi malgré une augmentation du nombre d'heures et un "plan d’action pour l’amélioration du français". En orthographe, le résultat est particulièrement décevant. "Les garçons, les élèves à risque et les élèves anglophones du RP ont été moins nombreux à obtenir leur diplôme à la fin de leur secondaire que ceux d’avant le RP."

Le Québec a d'excellents résultats à PISA

Dès lors, les milieux universitaires s'interrogent, la réforme n'était-elle pas la bonne, ou bien faut-il penser que les enseignants n'ont pas joué le jeu ? "Les membres de l'Alliance des professeurs de Montréal avaient boudé des séances de formation offertes pour l'implantation de la réforme", rappelle Radio-Canada. Avant de quitter ses fonctions, Yves Bolduc refusait de conclure à un échec de la réforme, "il faut être très prudent", l'évaluation a été conduite "au début de la réforme" et sur un nombre limité d'élèves. Sans oublier qu'en mathématiques, les élèves québécois sont deuxièmes, derrière les élèves finlandais au test PISA.

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