Maternelle : le CSP confond fondamentaux et fondamental (CEMEA)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le lundi 11 janvier 2021.
Les CEMEA réagissent, ce 11 janvier, à la "note" du CSP (Conseil supérieur des programmes) sur le programme de l'école maternelle (sans tenir compte du communiqué publié le 8 janvier, voir ToutEduc ici). Ils dénoncent "ce qui constitue pour eux, une remise en cause des missions de l’école maternelle" à l'occasion de l'abaissement à trois ans de l'obligation d'instruction (obligation qui devra être remplie dans une école avec la loi "valeurs de la République", ndlr). Pour les CEMEA, "cette nouvelle orientation s’inscrit dans le prolongement de (...) l’imposition des évaluations nationales en début de CP, chargées de réorienter les pratiques pédagogiques en grande section d’école maternelle vers l’acquisition prématurée de 'fondamentaux' réduisant les ambitions à l’acquisition de comportements standardisés évaluables quantitativement."
Or pour le mouvement d'éducation populaire inspiré par C. Freinet, l'école maternelle doit "donner à chaque enfant la possibilité de rentrer dans les apprentissages à son rythme, à partir d’expériences vécues et dans le cadre d’une coopération authentique avec ses pairs (...). L’enfant doit toujours être pris dans sa globalité, impliqué dans des activités stimulantes qui lui permettent simultanément de se développer physiquement, psychiquement et intellectuellement" (...). Or, la focalisation sur les seules questions relevant de la psychologie cognitive appréhendée par les neurosciences évacue un ensemble de dimensions et risque de mettre en difficulté de nombreux enfants."
Les CEMEA plaident pour une formation des personnels "à la spécificité de la petite enfance" car "le développement moteur, la rencontre avec l’art et la culture, l’apprentissage de la coopération, le développement de la curiosité intellectuelle, la découverte des exigences du 'travail vrai' à travers des activités manuelles adaptées font partie intégrante des fondamentaux du développement." Ils plaident également pour "l’horizontalité des relations entre les professionnel.le.s", sans "oublier d’associer les parents". Et ils en appellent à "une véritable école de la confiance" qui suppose de la "considération pour tout le travail que font aujourd’hui les enseignant.e.s de maternelle et les équipes", mais aussi "la prise en compte de tous les travaux sur le développement de l’enfant, la relation individu/groupe". Il faut également échapper "à une approche normative et quantitative, profondément réductrice" et favoriser "une ouverture au monde, des expériences culturelles, scientifiques, sportives, citoyennes..."
Et ils citent Pauline Kergomard : "L’erreur majeure que nous devons éviter pour nos petits enfants, c’est de confondre le développement intellectuel avec l’instruction mécanique."
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