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Il n'est pas facile d'éduquer des enfants "pas faciles", surtout lorsqu'ils ont été abusés (colloque)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice le vendredi 13 mars 2020.

La difficulté de s'occuper d'enfants "pas faciles" est au coeur du colloque annuel de l'AFAR, une entreprise de formation continue spécialisée dans les questions de santé, notamment mentale, ce 13 mars. C'était l'occasion pour Ioana Atger (pédopsychiatre, CMPP de Massy) d'évoquer le changement de paradigme introduit en 2016 par la loi relative à la protection de l'enfance. La priorité est donnée aux besoins de l'enfant, alors que la loi de 2005 consacrait les droits des familles. "Depuis, ça bouge lentement, les magistrats sont encore trop souvent dans l'idéologie du maintien des liens avec les parents."

En France, "on place trop tard", ajoute Jean Chambry (pédopsychiatre, groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie & neurosciences) et Christophe Smajda (action éducative et sociale de l’Oise) explique les lenteurs de la prise en charge des enfants en souffrance : Les dispositifs sont progressifs, et les mesures de séparation d'avec les parents n'interviennent qu'au terme de procédures longues, l'enfant a connu une succession de situations qui ne font pas sens pour lui, trouver pour lui une famille d'accueil devient d'autant plus difficile qu'il est devenu "pas facile".

 Quelle formation pour les enseignants qui doivent recueilllir la parole de l'enfant ?

Les troubles de bon nombre d'enfants seraient mieux compris et pris en charge si on cessait de méconnaître les violences sexuelles dont ils ont été victimes. Chaque année 130 000 filles et 35 000 garçons subissent des viols et tentatives de viols. Selon les données de l'OMS, "une fille sur cinq et un garçon sur treize en sont victimes", rapporte Muriel Salmona (psychiatre, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie) qui ajoute que "81% de l’ensemble des violences sexuelles débutent avant 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% avant 6 ans". Or ces violences causent des "atteintes neurologiques", empêchent la gestion des hormones du stress et sont responsables de la perte de 20 ans d'espérance de vie. Mais elles font l'objet d'un déni.

Interrogé par ToutEduc sur la formation des enseignants à leur prise en compte, puisqu'ils ont tous dans leurs classes des enfants victimes, Christophe Smajda regrette qu'elle porte, quand elle a lieu, sur la transmission de l'information aux instances judiciaires ou de l'aide sociale, et non pas sur le recueil lui-même de l'information, sur sa difficulté et sur "la sidération" qu'elle provoque chez l'adulte dans un premier temps.

L'AFAR avait fait venir Muriel Salmona dans un précédent colloque, et sa parole avait été mal reçue, considérée comme outrancière. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, constate la responsable de l'entreprise, qui y voit un progrès.

Le site du colloque ici, le site de l'association "mémoire traumatique et victimologie" ici, voir aussi ToutEduc ici

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