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Pédagogie : André Tricot s’attaque aux fausses "idées nouvelles" (Printemps de la recherche en éducation)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 21 mars 2017.

"Les affirmations sans fondement empirique sont présentées parfois comme des idées nouvelles, alors qu’elles étaient déjà présentes il y a deux ou trois siècles", ironise André Tricot, professeur d'université en psychologie à l'Éspé (École supérieure du professorat et de l'éducation) Midi-Pyrénées, lors du Printemps de la recherche en éducation, le 20 mars. Le chercheur s’attaque à plusieurs de ses assertions, par exemple "le fait de manipuler pour mieux apprendre".

Sur ce point, il souligne d’emblée la confusion entre l’action au sens physique (gestes, mouvements) et l’activité au sens cognitif (concepts). Selon lui, la conclusion selon laquelle il suffirait pour apprendre quelque chose de le faire serait erronée.

Différents niveaux d’engagement

En se référant aux travaux de Michelene T. H. Chi et Ruth Wylie (2014), André Tricot souligne qu’il existe une échelle de niveaux d’engagement : passif, actif, constructif (hypothèses), interactif (confrontations et interrogations). Les engagements les plus fructueux en termes d’apprentissages (interactif puis constructif) seraient aussi les plus coûteux sur le plan attentionnel.

Il faut donc trouver un équilibre entre d’un côté l’efficacité de la méthode et de l’autre l’investissement cognitif. Autrement dit, passer par le geste ne constitue pas nécessairement un avantage, surtout si l’exigence attentionnelle est trop importante. "Le risque, c’est que les élèves en difficulté le soient encore davantage", explique André Tricot.  

La "pédagogie préhistorique"

Le chercheur remet en question aussi d’autres affirmations pédagogiques. À ses yeux, la démarche d’investigation "n’a pas à ce jour fait la preuve de son efficacité", ou encore le fait de s’appuyer sur les intérêts des élèves "améliore parfois l’apprentissage, parfois pas".  Quant aux échanges verbaux entre élèves et à leur coopération, les effets dépendent "de la tâche, l’organisation, la régulation et la taille du groupe", estime-t-il. Au sujet de la classe inversée, il juge que les preuves de sa plus-value demeurent pour l’heure "anecdotiques".

En outre, André Tricot souligne que l’exploration de l’environnement, l’interaction avec les pairs et le jeu relèvent des apprentissages par adaptation et immersion, réalisés de manière implicite dès le plus jeune âge. Ceux-ci permettent d’acquérir des connaissances primaires, par exemple la reconnaissance des visages. "Il faudrait appeler cela la 'pédagogie préhistorique' plutôt que l’innovation pédagogique", résume-t-il en souriant.

Diane Galbaud

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