Disparitions de mineurs : le "116 000 enfants disparus" s'inquiète d'un possible “effet JO“ sur la prostitution des jeunes filles
Paru dans Périscolaire, Justice le mardi 28 mai 2024.
Malgré un nombre de disparitions de mineurs signalées aux policiers et gendarmes en baisse de plus de 5 % en 2023, se rapprochant du niveau de 2020 après plusieurs années de hausses successives, le constat “reste en demi-teinte“, déplore le service d'écoute 116 000 enfants disparus à l'occasion de la parution de son rapport annuel.
Samedi 25 mai, journée mondiale des enfants disparus, le numéro d'appel coordonné et géré par la fondation Droit d’Enfance a publié les données d'un phénomène qui reste massif, avec encore près de 41 000 disparitions de jeunes de moins de 18 ans dans l'année, 110 par jour, soit une tendance qui “ne permet pas encore de statuer sur une réelle baisse à long terme“.
Le numéro d’urgence indique également, toujours selon les données nationales fournies par le ministère de l’Intérieur, une diminution de près de 6 % du nombre de fugues, qui représentent plus de 95 % du total des signalements.
Cependant, le numéro d’urgence indique avoir reçu 10 % d’appels supplémentaires au cours de la même année, avec des appels concernant des fugues de plus en plus longues et des fugueurs toujours plus jeunes, de nombreux dossiers ouverts cette année par la cellule de suivi concernant des jeunes de 13 ou 14 ans. Or la fugue “est toujours un espace de mise en danger pour l’enfant et le devient d’autant plus lorsqu’elle est répétée ou s’éternise“, il n'est d'ailleurs “pas rare que le signalement opéré au sein du fichier des personnes recherchées (FPR) soit requalifié en disparition inquiétante“.
Et parmi ces disparitions inquiétantes, est constaté que “le lien entre exploitation sexuelle et épisodes de fugues successifs se confirme cette année“, la prostitution chez les jeunes filles en fugue étant suspectée ou avérée dans 30 % des dossiers ouverts par le 116 000 en 2023. C'est pourquoi le service d'écoute s’inquiète d’un possible “effet JO“ et appelle à la vigilance car “les évènements sportifs de très grande ampleur induisent systématiquement une hausse des situations prostitutionnelles, notamment des mineures.“
Les enlèvements parentaux ont eux aussi connu une très forte progression l’année passée avec 661 signalements, soit +21,5 %, envers des enfants “souvent très jeunes“, moins de 5 ans pour plus de la moitié. Et 49 % de ces enlèvements ont été commis vers un pays étranger.
Alors que “les policiers et gendarmes ne disposent aujourd’hui d’aucune formation obligatoire spécifique aux disparitions de mineurs“, le numéro d’urgence plaide pour renforcer la formation des professionnels (policiers et gendarmes mais aussi avocats, travailleurs sociaux…) “afin d’accompagner plus efficacement les familles et les jeunes dans de telles situations“. Il s'agit également de “sensibiliser les jeunes aux risques auxquels ils s’exposent lorsqu’ils fuguent“, et plus largement de “déployer une campagne nationale de prévention“ afin de mieux faire connaître “l’existence des dispositifs d’aide et les bons réflexes à adopter en cas de disparition d’enfant.“
Le rapport annuel du 116 000 enfants disparus ici