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E. Gentaz critique à la fois R. Goigoux et les prétentions excessives des neuro-sciences

Paru dans Scolaire le mardi 03 juillet 2018.

Edouard Gentaz publie dans le dernier numéro de la revue de l'ANAE deux articles qui, apparemment, vont dans des sens contradictoires. Dans l'un, il critique très sévèrement l'article publié par Roland Goigoux dans la Revue française de pédagogie pour rapporter les résultats de la vaste enquête qu'il a dirigée sur l'enseignement de la lecture au cours préparatoire  (voir ToutEduc ici), et dans l'autre, il estime que "les données neuronales" ne suffisent pas "pour expliquer la cognition". Professeur à l'université de Genève, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des sciences cognitives, il s'en prend à ceux qui se donnent pour objectif de "naturaliser la cognition", donc de réduire la connaissance au "produit de processus matériels, physicochimiques". Or, ajoute-t-il, "on a tendance à oublier que les images du fonctionnement cérébral ne sont qu'un indicateur parmi d'autres de l'activité cognitive ou affective d'un sujet", d'autant que, "malgré les apparences, les neuro-images sont aussi indirectes et reconstruites que d'autres indicateurs".

Il invite donc les chercheurs à prendre en compte également les "données comportementales", ce qu'on peut observer d'un individu en train d'apprendre, car si "les données neuronales et comportementales (...) sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes pour expliquer la cognition", indépendamment les unes des autres. L'auteur ne dit pas qui il vise dans cet article, mais Stanislas Dehaene, auteur des "Neurones de la lecture", pourrait l'être.

Roland Goigoux en revanche est très explicitement visé. Son article "contient des erreurs" dans la présentation des résultats des études qu'il a dirigées. E. Gentaz conteste de plus l'analyse des facteurs expliquant la compréhension écrite ainsi que le choix des épreuves pour évaluer les capacités de décodage. Mais ces études sont "d'un grand intérêt" puisqu'elles montrent "une nouvelle fois qu'un enseignement précoce, systématique et intensif des correspondances graphème-phonème facilite l'apprentissage de la lecture" et "la compréhension écrite". L'auteur invite d'ailleurs chercheurs et praticiens "à dépasser les 'fausses oppositions' sans aucun fondement scientifique". Là non plus, il ne dit pas explicitement qui il vise, mais il ne conteste pas l'intérêt, malgré ses défauts, de l'étude.

Le site de la revue "Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant" ici

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