Comment apprendre à lire et à écrire au Cours préparatoire (Revue française de pédagogie)
Paru dans Scolaire le jeudi 12 avril 2018.
"Il est légitime de recommander de ne pas tout miser sur le décodage et commencer tôt un enseignement explicite de la compréhension dès lors qu'il s'appuie sur des textes lus à haute voix aux enfants." C'est la conclusion d'un article signé par Roland Goigoux, Sylvie Cèbe et Julie Pironom dans le dernier numéro de la Revue française de pédagogie. Les trois auteurs, qui appartiennent au même laboratoire (Université Clermont-Auvergne), ne contestent pas l'importance du décodage, bien au contraire : "à la fin de la première année de la scolarité élémentaire, la contribution du code est plus importante que celle de la compréhension de textes entendus", mais la différence entre ces deux facteurs explicatifs de la réussite des élèves est beaucoup moins grande que ne l'avaient mesuré "les études classiques" selon lesquelles "le poids du décodage est au moins le double de celui de la compréhension". Le poids de la compréhension devrait être réévalué aux trois quarts.
Un autre article, de Jérôme Riou (UCA) et Valérie Fontanieu (ENS - IFE) reprend d'ailleurs les conclusions des recherches menées aux USA qui "ont souligné l'intérêt d'un enseignement explicite et précoce des correspondances entre phonèmes et graphèmes", mais sans noter de différence "entre l'approche synthétique qui consiste à apprendre aux élèves à associer une lettre isolée au son correspondant, puis associer les sons pour former des mots" et "l'approche analytique dans laquelle les élèves apprennent d'abord des syllabes complètes, puis les correspondances lettres-sons dans ces syllabes". Conclusion, "l'important est que les correspondances soient étudiées, quel que soit le sens de l'étude". En revanche, le tempo de cette étude n'est pas neutre, et les auteurs estiment à 15 le nombre optimal des correspondances graphophonémiques enseignées pendant les neuf premières semaines de classe.
Catherine Brissaud, Laurence Pasa, Serge Ragano et Corinne Totereau (universités de Grenoble et Toulouse-II) s'intéressent pour leur part aux travaux d'écriture. "Certaines tâches d'écriture font progresser les élèves non seulement en écriture mais aussi en code et en compréhension (...) Passer du temps à travailler explicitement l'orthographe en écrivant sous la dictée favorise les progrès en écriture" alors que les auteurs mettent "en évidence [les] effets négatifs du temps passé à la copie et au travail de production écrite à l'aide d'unités pré-imprimées, deux tâches à la forme très scolaire, peu mises en question à l'école".
Revue française de pédagogie, n° 196, "Apprendre à lire et à écrire au cours préparatoire", 176 p. 17€