Françoise Lorcerie: pourquoi les ZEP ont échoué
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 15 juin 2009.
Fenêtre sur cours, la revue du SNUipp, publie cette semaine une Les ZEP: déjà un objet pour l'historien?).
La chercheuse constate que les différentes formules qui se sont succédées depuis 1981 « n'ont pas apporté les résultats espérés en terme de réduction des inégalités sociales », ni de réussite scolaire. La raison? « On n’a pas trouvé une formule qui enrôle tous les professionnels concernés, pas seulement les enseignants mais aussi le reste du système dans son épaisseur – inspecteurs et bureaux – dans une orientation commune du travail ».
Ce qui, pour autant, ne signifie pas que les ZEP n'ont pas été un lieu d'innovation pédagogique: « les politiques d’éducation prioritaire ont donné l’occasion aux enseignants de faire autrement et il existe beaucoup d’initiatives sur le terrain. Le problème c’est l’absence d’évaluation. Quel impact ces innovations ont-elles sur les parcours scolaires? Quelle correction pourrait-on y apporter? Une innovation, ça s’accompagne, ça se discute, ça se rationalise. Qu’a-t-on appris des ces expériences? », interroge-t-elle.
Quant aux Réseaux ambition réussite (RAR), si Françoise Lorcerie leur reconnaît le mérite « d'obliger les personnels des établissements et des écoles à se poser des questions pédagogiques », elle doute que cela suffira à changer en profondeur les manières de faire.
Pour cela, il faudrait selon elle « engager le système dans sa globalité » et que la liberté pédagogique laissée aux enseignants témoigne d'autre chose que d'un désintérêt: « la suppression des IUFM montre bien que l’acte pédagogique est envisagé de manière idéologique. A cette liberté pédagogique je préfère l’idée d’une responsabilité pédagogique, la responsabilité des apprentissages ».