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Apprentissage : “les parents restent dans une posture ambiguë“ (sondage BVA pour l'APEL)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 17 novembre 2022.

“Le drame de la voie pro, c'est que tout le monde la trouve formidable.. pour les enfants des autres“, a constaté David Hélard lors d'un débat sur l'apprentissage organisé mercredi 16 novembre par l'APEL au Sénat.

L'inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche a, comme Carole Grandjean deux jours plus tôt (voir ToutEduc ici), insisté pour ne pas opposer la voie scolaire et l'apprentissage, évoquant pour ce dernier l'enjeu de lisibilité des parcours, celui de l'attractivité, du contact avec les entreprises ou encore de la préparation des jeunes (le taux de rupture des contrats allant de 6 à 71 % selon les filières en bac pro, de 4 à 58 % en CAP).

Plusieurs jeunes ont présenté leur parcours, et pour Aline, qui a relaté son expérience en CAP, “c'était la solution car je n'étais pas du tout scolaire“. La troisième, “c'était un désastre“ et elle regrette, une fois avoir choisi cette “voie de secours“, de s'être vite sentie délaissée par les professeurs alors que plus tard elle apprendra à aimer l'école et se trouve maintenant en Master. Lors de ce débat, il sera d'ailleurs plusieurs fois reproché aux enseignants du cursus général de n'avoir “aucune idée“ de ce qu'est l'apprentissage, et plus généralement les métiers de l'entreprise.

Julien Goarant, de l'institut BVA a commenté le sondage réalisé pour l'APEL. L’image de l’apprentissage pour les parents d’enfants scolarisés est aujourd’hui très largement positive, avec 94 % d'entre eux qui considèrent que le recours à l’apprentissage est une bonne chose, même si est notée une certaine “réticence parmi les CSP+ et les parents âgés de plus de 50 ans“. L'apprentissage est également décrit comme remplissant bien son rôle “à la fois pédagogique (faire découvrir le monde du travail et y acquérir une expérience) et d’insertion (trouver un emploi)“. Mais malgré ce constat, le sondeur indique que “la population n'est pas du tout éduquée“ à l'apprentissage, comme en témoignent les freins logistiques qui ressortent de l'étude (comment trouver une entreprise, problèmes d'éloignement et de logement, manque de connaissance des dispositifs). Au final, Julien Goarant décrit un “récit très ambivalent quand on est parent“ (52% déclarent que l’apprentissage a une mauvaise image auprès des parents) dans une société “qui ne sait pas l'apprentissage“.

Invité à présenter le cas de la Suisse, pays où 65 % des jeunes sont en apprentissage, le responsable de l'unité Coopération internationale en matière de formation et de qualifications professionnelles Frédéric Berthoud a évoqué la perméabilité du système helvète : “On peut commencer n'importe où et finir n'importe où“, indique -t-il, ajoutant “qu'il n'y a pas de sanction à l'apprentissage“. Surtout, avec 2/3 des parents qui ont fait de l'apprentissage, “il y a la démonstration qu'on peut réussir“, ce qui a un impact positif sur la filière, même si “ce n'est pas acquis“, nécessitant “beaucoup de marketing“ à cet endroit.

En France, dans beaucoup de CFA les effectifs d'apprentis ont été “boostés“ par la réforme de 2018, assure Bruno Mariette, directeur de l'Afipe à Poissy selon qui certains sont même devenus “des entreprises éducatives“. Le mode de financement “change la donne“, apportant “souplesse et agilité“ pour créer une formation, ce qui prendrait quelque mois contre au moins un an et demi auparavant.

Concernant les aides au recrutement des apprentis, David Hélard considère d'ailleurs qu'elles sont un enjeu de politique publique, et que face au problème de financement que connaît l'apprentissage (dans son dernier rapport, la Cour des Comptes soulignait la “profonde dégradation financière“ de France Compétences, voir ToutEduc ici), “il va y avoir des arbitrages“ afin de ne pas “casser cette dynamique“ (sachant que le gouvernement vise désormais un million d'apprentis, ndlr).

Dans l'Enseignement catholique, sont comptabilisés 39 960 apprentis (sur un total de 892 086 au 31 décembre 2021). Interrogé par ToutEduc sur l'intérêt de l'APEL pour l'apprentissage et la voie professionnelle, Gilles Demarquet, président national de l'Apel souhaite notamment mieux le faire connaître auprès des familles. Face à “des jeunes qui arrivent parfois cabossés“, il évoque “le travail d'accompagnement qui est fait dans les CFA de l'enseignement catholique, dans l'enseignement agricole catholique aussi parce qu'il faut redonner confiance aux jeunes. Il ajoute que, dans l'enseignement catholique "on ne considère pas qu'il y a un élève, un apprenti, mais on considère qu'il y a une personne, l'éducation couvre la globalité du jeune, c'est important qu'il soit debout, bien dans sa peau, qu'il puisse s'insérer dans la vie professionnelle et qu'il réussisse sa vie, pas simplement dans la vie“.

 Le sondage BVA ici

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