"L'heure est à l'action, le temps presse" (la FSU)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 04 septembre 2014.
Pour la FSU qui tenait ce 4 septembre sa conférence de presse de rentrée, "l'heure est à l'action" et à la mise en oeuvre des mesures annoncées, mais "avec les personnels" pour lesquels "le temps presse". Bernadette Groison, la secrétaire générale de la fédération syndicale dénonce la campagne "inadmissible, désolante, révoltante, ignoble" que certains médias [Minute et Valeurs actuelles, ndlr] cherchent à initier à l'encontre de la ministre, et elle demande que soit mené "un vrai débat éducatif". Si, comme le disait B. Hamon, l'Ecole doit s'ouvrir sur les entreprises, le monde économique doit aussi regarder ce que fait l'Ecole. C'est notamment vrai dans le domaine de l'enseignement professionnel. Si l'apprentissage peut avoir de bons résultats au niveau BTS, ce n'est pas vrai des niveaux V et IV (CAP et bac pro) où les ruptures de contrat sont nombreuses et pour lesquels il n'assure pas de bonnes bases qui permettent de réussir ensuite des reconversion. C'est une "fausse bonne piste" (lire aussi ToutEduc ici).
Cette conférence de presse a été l'occasion pour la secrétaire générale de la FSU et pour les secrétaires généraux des principaux syndicats qui la composent d'un tour d'horizon des sujets d'actualité.
EDUCATION PRIORITAIRE. La FSU rappelle que l'éducation prioritaire doit donner des moyens spécifiques aux enseignants et aux élèves pour répondre aux mêmes exigences que dans les autres établissements. "La situation économique et sociale justifierait à coup sûr une augmentation du nombre de réseaux REP" tandis que la fédération s'interroge sur "la pertinence de faire systématiquement correspondre le classement EP d'un collège et des écoles du secteur".
FORMATION. L'observatoire de la formation initiale qu'a mis en place la FSU lui a permis de constater de "grandes disparités" entre les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), et de graves déficits en ce qui concerne la place de la recherche et celle du numérique dans la formation des enseignants. Le SNPI (syndicat FSU des inspecteurs) décrit une situation de la formation continue "inquiétante", dont "on a de la peine à mesurer la gravité des conséquences".
RECRUTEMENT. La crise du recrutement perdure et 5 177 postes sont non pourvus, ce qui inquiète "beaucoup" la FSU et compromet la réalisation de l'objectif des 54 000 postes. Plusieurs scénarios sont possibles, notamment des prérecrutements. La revalorisation des salaires est nécessaire mais n'est pas le seul élément déterminant pour relancer les vocations.
SOCLE . La FSU fournira aux enseignants des "outils" pour qu'ils participent à la consultation sur le socle commun, le projet actuel constituant "une bonne base".
EVALUATION DES ELEVES. Le débat sur l'évaluation des élèves ne doit pas être un débat sur la notation, mais sur la place de l'évaluation dans l'acte d'apprendre, auquel elle est lié.
COLLEGE. La discussion sur la réforme du collège doit s'ouvrir au début de l'année 2015. Celui-ci doit être "ouvert à tous", mais ne pas être pensé comme la fin de la scolarité obligatoire. Il permet à toute une génération de poursuivre ses études, il faut notamment réfléchir à l'articulation avec la classe de seconde.
RYTHMES. La FSU demande qu'une recherche indépendante permette de mesurer ce que la réforme des rythmes scolaires apporte en temres de réussite scolaire, ainsi que les inégalités territoriales qu'elle génère.
NUMERIQUE. Les annonces du président seront-elles suivies d'effets ? Quoi qu'il en soit, l'équipement des écoles, des collèges et des lycées ne dispense pas d'un "vrai débat" sur "l'outil numérique" et son utilité pour les apprentissages.
EGALITE. Benoit Hamon avait annoncé "une mallette" qui donne aux enseignants des outils pour l'éducation à l'égalité filles-garçons. La FSU ne voudrait pas voir disparaître certains outils qui ont été expérimentés dans le cadre des ABCD, et attend que le ministère propose une "large palette" parmi lesquels les enseignants pourraient faire leur choix. Elle est "dubitative" lorsqu'est évoquée la formation initiale et continue des enseignants. Elle attend de la ministre un discours "très clair" qui coupe court aux "fantasmes".
PONDERATION et ALLEGEMENT. La pondération du temps de travail des enseignants des collèges de l'Education prioritaire correspond à une "reconnaissance du travail qu'ils faisaient déjà". S'il est souhaitable que les directions d'établissement prévoient dans les emplois du temps des "plages" communes permettant les concertations, elles ne doivent pas être l'occasion "d'imposer des pratiques". Dans le premier degré, les 18 demi-journées dégagées constituent "une mesure intéressante". Les enseignants doivent être "accompagnés" par l'inspection, mais celle-ci doit leur faire confiance.
CADRES INTERMEDIAIRES. "Il est vrai que les rapports entre les enseignants du premier degré et l'inspection sont mauvais". Le SNPI défend la nécessité du maintien de l'inspection, un rempart contre les dérives quand on regarde seulement, comme en Angleterre, les résultats scolaires des écoles sans être attentif aux moyens mis en oeuvre, mais il estime qu'il faut repenser l'équilibre entre accompagnement et confiance faite aux enseignants. Il y a un "bon équilibre à trouver" entre les deux, ajoute Sébastien Sihr (SNUIPP)
CONFIANCE. Plus globalement, pour Bernadette Groison, il faut restaurer la confiance de l'opinion dans le service public d'éducation. Les dérapages actuels sur les ABCD et sur la personne de la ministre constituent des signaux d'alerte.