Sports, numérique, éducation prioritaire : d'autres échos des débats du 12 mars (Assemblée nationale)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 13 mars 2013.
Au-delà des discussions générales sur le texte de loi, plusieurs députés ont abordé des questions précises : le sport scolaire, le numérique et l'éducation prioritaire ont ainsi fait l'objet d'interventions intéressantes, que nous synthétisons ici.
"Le sport doit redevenir une activité principale dans l'éducation de nos enfants" (Gérald Darmanin, UMP)
Sur les 174 pages du texte de loi, le sport n’apparaît que dans deux paragraphes du rapport annexé. Vous ne reconnaissez pas au sport l’importance qu’il peut avoir dans notre système éducatif et pour les Français. Je rappelle que l’on compte tout de même, en France, dix-sept millions de licenciés et que le sport est l’activité la plus pratiquée par nos concitoyens, que ce soit en clubs, en dehors d’un club ou à l’école.
La réforme des rythmes scolaires mettra en péril une grande partie de l’organisation actuelle du monde sportif, notamment amateur. On peut discuter de la semaine des quatre ou des cinq jours, mais les clubs sportifs ont organisé leurs activités en fonction des moments pendant lesquels les enfants ne sont pas à l’école. Aujourd’hui, avec la réforme des rythmes scolaires, un nouvel équilibre devra être trouvé. Les quarante-cinq minutes supplémentaires par jour pendant lesquelles les élèves n’auront pas classe ne permettront pas d’organiser des activités sportives dignes de ce nom.
Nous défendrons des amendements afin que le sport redevienne une activité principale dans l’éducation de nos enfants. Du reste, nous écouterions avec plaisir, au cours de ce débat, Mme Fourneyron, qui a la chance d’être ministre du sport, de la vie associative et de la jeunesse.
"La refondation de l'école passe aussi et surtout par le numérique" (Vincent Feltesse, SRC)
Il est vraiment troublant que, depuis les années 2000, la France perde ses positions en termes d’avancée numérique comme en termes d’éducation. Si à un moment ou un autre, il n’y a pas une prise de conscience s’agissant de la transition numérique et pédagogique, nous échouerons, nous continuerons à perdre des positions dans les classements internationaux et dans le domaine du numérique. La refondation de l’école passe aussi et surtout par le numérique.
Une des dernières lois majeures date d’avril 2005, sous Fillon. À l’époque, les smartphones, Facebook, Twitter n’existent pas. Huit ans après, la réalité du quotidien des élèves et des enseignants est radicalement différente. Comment un élève peut-il se sentir bien dans un établissement scolaire, qui doit être un lieu protégé, s’il y a une telle différence entre ce qu’il vit au quotidien et ce qu’il vit à l’école ?
Aujourd’hui, l’enseignant – je l’ai été moi aussi durant des années – voit que son savoir-faire est remis en question parce que, en face de lui, il a des élèves qui en savent autant voire plus dans ce domaine. La question des manuels est, elle aussi, fondamentale puisque la manière dont ces ouvrages s’élaborent dans l’enseignement supérieur et dans la recherche, et demain dans le primaire, est en plein changement.
Il faut de nouvelles manières de procéder, notamment dans le domaine de l’expérimentation. Sinon, au-delà des échecs passés, on continuera à dégringoler collectivement
"Une réforme de l'éducation prioritaire est nécessaire" (Mathieu Hanotin, SRC)
Je vais m’attarder un instant sur la question de l’éducation prioritaire. Une future réforme de l’éducation prioritaire est évoquée dans le projet de loi. Elle est nécessaire.
Le principe de l’éducation prioritaire – donner plus à ceux qui ont le plus de besoins – n’est aujourd'hui pas appliqué. Les établissements en zone prioritaire doivent avoir tous les moyens pour mettre en place de nombreuses innovations pédagogiques. Il faudra éviter une organisation figée et au contraire favoriser une prise en compte des besoins réels de chaque établissement, ainsi que de leur évolution année après année.
Au-delà de la question des moyens, c’est l’organisation même de l’éducation prioritaire qu’il nous faudra revoir. Les établissements conernés subissent une stigmatisation qui fait fuir les familles les plus au fait du fonctionnement du système scolaire. Il faudra réussir à mettre fin à la stigmatisation générée par la labellisation tout en garantissant les moyens propres à faire réussir tous les élèves.
De plus, le turn over trop élevé des équipes éducatives empêche la pérennisation de projets pédagogiques innovants et efficaces pour la réussite des élèves. Pour éviter ce turn over, il faudra réfléchir à des mesures ambitieuses, de la formation à la rémunération en passant par l’évolution des carrières. Il est important qu’un jeune enseignant dont la première affectation se fait en zone prioritaire bénéficie d’une formation spécifique, qui lui permette à la fois d’être rassuré et de préparer son arrivée dans les meilleures conditions. La prime attribuée aux enseignants dans ces établissements n’est pas non plus suffisante au regard de la difficulté de leurs conditions de travail.