Université d'été de Prisme: la foire aux bonnes idées européennes
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le mardi 07 juillet 2009.
Comment éviter que les élèves "incasables" cassent tout dans leur collège et que les professionnels, enseignants et éducateurs démissionnent? L'obligation scolaire ne pourrait-elle pas dépendre du niveau atteint, plutôt que l'âge du jeune? Les pédagogies alternatives sont-elles à la marge, ou, tout au contraire, au centre du système? Ce sont quelques unes des questions posées ce mardi 7 juillet lors de l'Université d'été de Prisme, à l'occasion du rapport DOCA, qui analyse dans une dizaine de pays européens les modalités de la lutte contre les exclusions scolaires. Trois études de cas françaises ont été présentées, elles figurent sur le site de "Prisme".
Georges Muskens, chef (néerlandais) de ce projet européen souligne la nécessité de réduire le pourcentage des arrivées précoces sur le marché du travail. Elles étaient de 17,3% en 2000, elles devaient être entre 8 et 9% en 2010, mais en 2006, nous en étions encore à 15%! Trop souvent les Tziganes et les autres groupes minoritaires sont victimes de ségrégations scolaires, mais la Slovénie et la Hongrie ont mis en place un système de tutorat par des Tziganes. Il s'agit donc de recenser les bonnes idées, comme celle des Pays-Bas, qui maintiennent à l'école les jeunes qui n'atteignent pas le niveau requis, quelle que soit la date de leur anniversaire.
Michèle Guigue (Lille-III) a ainsi présenté le programme "Démission impossible", mené en relation avec l'ONED (voir sur Incasables le programme "enfants incasables"). Des enseignants sont détachés à mi-temps et recherchent des solutions pour chacun de ces jeunes de 14 à 16 ans, peu nombreux, mais qui font "tout péter" dans leur collège, ou dans la structure choisie pour eux par la PJJ, lorsqu'ils ne s'absentent pas. Ils construisent avec eux des projets, passent des conventions, leur permettent de ne revenir en classe que deux jours par semaine, avec les professeurs qu'ils supportent, les aident à trouver des stages, et surtout permettent à l'ensemble des professionnels concernés de se retrouver pour parler du jeune en question. Yves Reuter (Lille-III également) souligne, à partir de l'analyse du fonctionnement d'une école Freinet, qu'un groupe scolaire organisé autour d'une pédagogie alternative, marginale, "réussit ce que l'école centrale n'arrive pas à faire", et répond aux objectifs assignés au système, puisque les apprentissages des élèves sont au coeur des préoccupations. Danielle Zay (Lille-III), responsable de l'équipe française, montre l'intérêt pour des élèves d'origine immigrée qui préparent le concours de l'Essec d'avoir le soutien d'étudiants tuteurs eux-mêmes d'origine étrangère.