La refondation de l'Ecole au CSE : les positions de la FAEN, de la FNEC, de la FSU, d'E&D, du SE, du SGEN, du CRAP
Paru dans Scolaire le vendredi 14 décembre 2012.
Le projet de "loi d'orientation et de programmation sur la refondation de l’Ecole de la République" est présenté ce 14 décembre au CSE (Conseil supérieur de l'éducation). Voici une seconde série de réactions à ce texte (lire aussi ToutEduc Refondation de l'Ecole : Les réactions de FO, de la FSU, de l'UNSA, et des Régions au projet de loi)
La FAEN considère que "le bilan de ce projet est globalement négatif, à l’exception de la programmation des moyens annoncés". Elle considère que "la priorité donnée à l’école primaire ne se traduit pas par une priorité donnée aux apprentissages fondamentaux", et que "la réduction des programmes du collège au contenu du seul socle commun entraînera un abaissement des exigences". Elle dénonce "le renforcement du caractère uniforme du collège unique" et considère que "la prise en compte de compétences (...) abaissera le niveau réel du Diplôme national du brevet des collèges comme du bac", tandis que "le renforcement du poids des collectivités territoriales entraînera (...) un accroissement des inégalités entre écoles et entre établissements et donc entre élèves". Elle ajoute que "le projet de loi remet en cause la liberté pédagogique des professeurs".
La FNEC FP (fédération FO de l'éducation) dénonce "un marché de dupes". Elle estime que les enseignants "travailler[ont] plus pour gagner moins" et que, dans le premier degré, le projet de loi introduit "une double tutelle sur leurs missions", celle des collectivités s'ajoutant à celle de l'Etat. Elle craint aussi que le ministre veuille modifier le temps de travail des enseignants du secondaire.
La FSU "considère qu’un certain nombre d’orientations données dans ce projet et la confirmation des 60 000 créations d’emplois vont dans le bon sens", mais elle attend que "le Ministre de l’Éducation nationale apporte des précisions sur la politique éducative qu’il entend concrètement porter pour assurer son objectif d’élévation du niveau de formation et de réussite pour tous les élèves", demande "des réponses précises sur l’avenir de l’orientation scolaire, de ses personnels et de leurs missions" ainsi qu'un "agenda de négociations précisant les chantiers qui seront menés dans les prochains mois et le calendrier de travail" sur l’école primaire, la réforme du collège et du lycée, l'éducation prioritaire, la carte scolaire, l'orientation scolaire, les évolutions des métiers et des pratiques professionnelles, la formation, le pilotage et l'administration du système éducatif, la revalorisation des personnels et de leurs carrières…
Selon le SNPI (syndicat FSU de l'inspection) les inspecteurs "sont prêts" à "piloter et à accompagner" les enseignants, mais considèrent que "le système éducatif reste sous-encadré et [que] le pilotage pédagogique aux différents niveaux du système demeure insuffisant".
Le SNUIPP (syndicat FSU du 1er degré) considère pour sa part que "le dialogue social érigé en méthode pour la refondation de l'Ecole par le ministre de l'Education nationale accumule les ratés" et demande l'inscription "à l'agenda officiel des négociations" des discussions sur "l'amélioration des carrières" et "les questions salariales". Il considère que "les sujets s'entassent" mais que "plus personne n'y comprend rien", qu'il faut "clarifier la méthode" et que "la refondation ne peut pas être qu'un slogan".
A noter que, selon des informations recueillies par ToutEduc, plusieurs sections départementales du SNUIPP considèrent que leur direction nationale n'est pas assez ferme face à un projet de "refondation" auquel elles sont fondamentalement hostiles. Elles réagissent à un précédent communiqué du SNUIPP pour qui le projet de loi pour l'école "indiqu[ait] un nouveau cap pour une nécessaire et indispensable réussite de tous les élèves".
Education et Devenir estime que l'ambition du projet de loi est "grande" et soutient le texte avec une "bienveillance critique". L'association fondée par des cadres du système éducatif après qu'Alain Savary eut quitté le ministère, liste "les leviers" qui permettront de faire bouger les réalités, "la réaffirmation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture" et "la reconnaissance des associations complémentaires de l’école" notamment. Mais elle considère que "certains aspects sont à retravailler", qu'il s'agisse des rythmes, de l’orientation, de la sectorisation, du décrochage, ou de la place des parents (...) et qu' "apparaissent des manques criants" sur "la gouvernance du système (national, régional, local, au sein des établissements)" et sur le dialogue interministériel. Elle demande si cette loi porte une "politique éducative ou [une] politique sur l’école".
Elle est signataire d'un communiqué commun avec le SE-UNSA, le SGEN-CFDT, et le CRAP-Cahiers pédagogiques qui se félicitent de la réaffirmation du "rôle du socle commun comme élément constitutif de la scolarité" et annoncent qu'ils seront "vigilants pour que [ce] nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture ne soit pas dénaturé ou vidé de son sens et de son ambition". Ils demandent que soit instaurée sa "prééminence du socle sur les programmes" alors que ses "adversaires continueront à défendre une école sélective et élitiste, sous couvert de tradition républicaine".