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La loi d'orientation ne va pas au bout de ses intentions et les chefs d'établissement en porteront le poids ( I & D )

Paru dans Scolaire le jeudi 13 décembre 2012.

Patrick Fournié, secrétaire général d’"Indépendance et direction", le deuxième syndicat (FO) des personnels de direction "n'est pas d'accord" pour que les principaux de collèges soient amenés à régler les questions que les lois d'orientation et de décentralisation n'osent pas trancher. "C'est cousu de fil blanc", déclare-t-il à ToutEduc.

ToutEduc : Quels sont les points qui vous choquent le plus dans la loi de décentralisation ?

Patrick Fournié : Il faut d'abord dire que, sur bien des points, nous pouvons être intellectuellement d'accord avec les grandes orientations du Gouvernement. Les personnels de direction de notre organisation sont partagés. Certains ne veulent pas entendre parler de "l'école du socle" et d'autres y seraient plutôt favorables. Mais la mise en œuvre des bonnes intentions est problématique. Il en va de même pour la coordination avec les collectivités. Actuellement, les instances départementales ou académiques, CDEN et CAEN, fonctionnent mal. Nous comprenons qu'il faille y remédier. Mais c'est au recteur de contractualiser avec les collectivités, pas à nous. Nous regrettons que globalement, la loi d’orientation se cantonne aux grandes déclarations d’intentions; or le « diable se niche dans les détails », il faudra donc attendre les décrets d’application pour juger vraiment toutes les mesures et iD-FO sera très vigilant.

ToutEduc : Le ministre prévoit effectivement des contrats tripartites, signés par le recteur, la collectivité locale et le chef d'établissement. En quoi posent-ils question ?

Patrick Fournié : A qui rendrons-nous compte ? Actuellement, nous contractualisons avec le recteur, et nous passons une convention avec la Région ou le Département. Cette loi officialise une double tutelle sur l'établissement, mais sans aller au bout de sa logique qui serait de confier la présidence du conseil d'administration à un élu, au lieu du proviseur ou du principal. Elle n'a pas osé aller jusque là et à juste titre pour nous ! Or la collectivité va vouloir fixer des objectifs, par exemple diminuer le nombre des décrocheurs. Si cet objectif n'est pas atteint, le chef d''établissement en sera-t-il tenu pour responsable ? Notre hiérarchie peine déjà à distinguer l’évaluation de l'établissement de l’évaluation du chef d'établissement. Mettre l’Etat et la collectivité territoriale sur le même plan face à l’EPLE n’est pas une bonne mesure même si elle permet de répondre aux attentes de nombreux élus !

ToutEduc : La création du conseil école-collège provoque de nombreuses réactions...

Patrick Fournié : Là encore, la loi ne va pas au bout de sa logique. Si le ministre veut organiser des échanges de service entre les enseignants des collèges et du premier degré pour assurer une plus grande continuité pédagogique et pour réduire le nombre des professeurs en 6ème et 5ème tout en conservant les enseignements disciplinaires, qu'il le dise. Qu'il crée aussi un statut d'établissement public pour les écoles, avec de vrais directeurs, plutôt que de recourir à l’expérimentation. Mais on fait appel au volontariat et on jugera le principal sur sa capacité à réaliser au niveau local ce qui n'est pas tranché nationalement. Restent aussi des questions très matérielles. Qui convoque ce conseil et où ? Qui signe les ordres de mission des personnels ? On voit déjà que, là où la formule est expérimentée, le positionnement des IEN par rapport au principal ne va pas de soi : le chef d’établissement assurant la logistique, "jouant" les petites mains, prenant des notes et rédigeant le procès-verbal ! L’alternative est de faire semblant ; on organise une réunion formelle une fois par an, on réalise un catalogue de bonnes intentions. Cela paraît bien complexe … Encore une fois la méthode est très critiquable : on expérimente sans rien régler sur le plan juridique, on compte sur la bonne volonté des personnels mais tous les problèmes restent en suspens et l’on s’étonne que le dossier n’évolue pas.

ToutEduc : Vous êtes au contact de nombreux principaux. Comment jugent-ils la refondation ?

Patrick Fournié : La refondation ne pourra pas se faire si les personnels de direction n'y adhèrent pas. Certains, parmi nous, y sont plutôt favorables, mais ils voient toutes les contraintes qu'elle va générer et les pressions qui ne manqueront pas de s'exercer sur eux. Ils en subissent déjà beaucoup, sur le brevet, sur les redoublements, sur les livrets de compétences. Ils doivent donner des réponses aux enseignants qui ne savent plus ce qu'ils doivent noter et comment ... Il règne un vrai "désordre pédagogique" dans les collèges !

 

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