Les comparaisons internationales doivent être examinées avec prudence (Recherches en éducation)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 11 octobre 2012.
Les enquêtes internationales PISA, TIMSS ou PIRLS, quand on les observe de près, mettent en évidence des différences régionales "parfois plus grandes que celles qui existent entre les différents systèmes éducatifs", alors qu'on y cherche le plus souvent "des classements globaux entre pays". Dans le dossier de son dernier numéro, la revue "Recherches en éducation" (Université de Nantes) nous met en garde "contre le risque de l'utilisation sélective de données, qui servent à légitimer des décisions politiques", alors qu'il faudrait "faire preuve de prudence dans l'élaboration de politiques fondées sur les conclusions" de ces enquêtes.
Or les évaluations internationales "influencent fortement depuis plusieurs décennies le paysage des politiques de l’enseignement dans la plupart des pays du monde". Depuis la première en 1958, elles "ont produit un ensemble sans précédent de données quantitatives complexes sur les performances des élèves de différents âges dans les différents systèmes éducatifs".
Les auteurs soulignent "le manque de prudence des professionnels de l’éducation et des politiques" qui ne comprennent pas que les différents systèmes éducatifs doivent être considérés à l'aune de leurs contextes "sociaux, économiques et politiques complexes" et de "valeurs culturelles incarnées". De plus, comment distinguer les impacts des réformes des autres facteurs ? Les enquêtes longitudinales "sont particulièrement difficiles à concevoir et à mettre en oeuvre". Ces enquêtes amènent à promouvoir de "bonnes pratiques" et tendent à l’uniformisation des systèmes éducatifs", voire à une "délégitimation de l’école dans ses valeurs et ses orientations classiques".
Tous les articles de ce dossier ne montrent-ils pas "que l’école est une affaire de politique et pas seulement de pédagogie" ?
Le site de Recherches en éducation ici.