Mouvement de recteurs: une réaction, étonnante, de Roland Debbasch
Paru dans Scolaire le lundi 01 octobre 2012.
ToutEduc publie, ci-dessous, des extraits de la lettre, adressée par le recteur Roland Debbasch aux personnels de l'académie de Lyon, après le mouvement de recteurs du 28 septembre dont il a été "victime", pour s'en étonner. Les recteurs sont nommés en Conseil des ministres, et ils savent qu'ils sont "en CDD renouvelable chaque semaine". Contrairement aux préfets, les recteurs ne constituent pas un corps, ils ne peuvent être placés "hors cadre" quand il est mis fin à leurs fonctions. Presque toujours universitaires, ils retrouvent alors leur UFR dans une discipline dont ils n'ont pas toujours suivi les derniers développements scientifiques. Ils y occupaient souvent des fonctions prestigieuses, que leurs collègues, en leur absence, se sont partagées, leur laissant les premières années de licence. S'ils sont parfois prévenus des décisions les concernant, ce n'est pas toujours le cas, et, par exemple, un recteur nommé par la gauche à Strasbourg avait reçu des assurances qu'il serait maintenu à son poste après une alternance politique. Il en avait fait part à ses amis le lundi, il avait appris le mardi soir que son successeur serait nommé le lendemain matin. Luc Chatel, interrogé par ToutEduc lors de l'annonce de la réorganisation des académies, avait clairement exclu de revenir sur cette précarité. Bernard Toulemonde et Alain Bouvier, dans une contribution commune sur la gouvernance, proposent au contraire que les recteurs aient un mandant de 5 ans (Quelle gouvernance pour les académies ? (B. Toulemonde et A. Bouvier dans Le Café pédagogique)).
"(...) c’est la première fois depuis l’épuration consécutive à la Libération de la France, en 1944, qu’un recteur de l’académie de Lyon est relevé de ses fonctions à la suite d’un changement de gouvernement. (...) je déplore l’extrême brutalité de cette décision. Et cela d’autant plus qu’elle intervient après une rentrée scolaire 2012 réussie (...) Directeur général de l’enseignement scolaire durant près de deux ans, recteur de trois grandes académies depuis 10 ans, j’ai exercé ces fonctions avec passion, volontarisme et impartialité (...) La décision qui me frappe ne fera que développer encore davantage mon engagement au service de l’Ecole et de la Jeunesse, même si cet engagement se manifestera dorénavant sous d’autres formes (...)".
La lettre contient de plus des attaques personnelles, notamment à l'adresse du directeur de cabinet de Vincent Peillon.