Les devoirs à la maison : surinvestissement des parents qui n'en comprennent pas toujours le sens
Paru dans Scolaire le mardi 11 septembre 2012.
Faut-il que les parents aident leurs enfants à faire leurs devoirs ? Ils sont loin de s'en désintéresser, comme on l'imagine parfois, et Séverine Kakpo (Paris-VIII) parle même de "surinvestissement" des familles populaires dans l'ouvrage qu'elle vient de publier sur "les devoirs à la maison". Elle conteste que cette aide soit toujours bénéfique et souligne l’existence de ce qu’elle appelle des "prescriptions familiales dissonantes". Elle met en effet au jour la désorientation des familles par rapport à des codes scolaires transformés, en particulier dans le domaine des méthodes d’apprentissage de la lecture. De là l’émergence de certaines formes de "résistance pédagogique", développées par les parents face à une institution scolaire qu’ils jugent parfois démissionnaire, voire diabolique ! Cet aspect de l’enquête, autant que la description des dispositifs très divers mis en place par les familles pour assurer l’aide aux devoirs, nous fait sentir le caractère multiple, complexe et parfois paradoxal du rôle des familles dans la scolarité des enfants.
Cet ouvrage est la première étude sociologique de terrain qui s'intéresse aux dispositifs d’aide aux devoirs mis en place dans les familles populaires, pour comprendre les interactions entre élèves, enseignants et parents à la fin du primaire et au début du collège. Malgré les limites d’une méthode qui consiste à faire réagir les personnes interrogées sur des scénarios prédéfinis plutôt que d’observer directement les pratiques des familles, Séverine Kakpo permet au lecteur, à travers un grand nombre d’entretiens largement retranscrits dans l’étude, de pénétrer dans les foyers.
"Les devoirs à la maison. Mobilisation et désorientation des familles populaires", Séverine Kakpo, Presses Universitaires de France, 212 p. 21 €