Education prioritaire : les leçons, décevantes, de l'étranger (Revue française de pédagogie)
Paru dans Scolaire le samedi 18 août 2012.
Comment "dépasser l'opposition entre les modèles de gestion centralisée (...) basés sur la prescription et la diffusion de 'bonnes pratiques', et les modes de gestion de type bottom-up, basés sur l'appel à l'innovation, aux projets et aux partenariats des acteurs locaux, supposés à même d'agir parce que plus 'proches' de la 'réalité' des terrains" ? Jean-Yves Rochex, qui signe l'introduction du dossier de la Revue française de pédagogie consacré aux "politiques de lutte contre les inégalités scolaires d'un pays à l'autre", s'interroge, mais laisse clairement entendre que les deux approches sont aussi mauvaises l'une que l'autre.
Cette mise en perspective des expériences anglaise, états-unienne, portugaise, genevoise, et québéquoise est le second volet de la publication d'articles issus d'un colloque qui s'est tenu en 2010 à l'INRP. Le premier était consacré à l'éducation prioritaire en France (un compte-rendu40 ans d'éducation prioritaire, pour quoi faire ? (Revue française de pédagogie)).
En Angleterre dans les années 70, les "educational priority areas" visaient à traiter les insuffisances d'un modèle unique, alors qu'une seconde vague, promue par le new labour de 1997, "visait bien plutôt à colmater les failles d'un système éducatif de plus en plus soumis aux logiques marchandes et, conséquemment, de plus en plus fragmenté". Aux Etats-Unis, la loi "No Child Left Behind" a donné au gouvernement fédéral les moyens d'agir alors qu'il n'a aucun pouvoir constitutionnel en la matière. Elle est fondée sur une obligation de résultat, donnant lieu aux versements de subventions. Résultat, "une modeste amélioration des performances", la réduction des écarts entre blancs et noirs, mais un accroissement des écarts entre les plus riches et les plus pauvres. Obama a apporté des "infléchissements importants" en fondant le système de subventions sur les progrès des élèves plutôt que sur les résultats bruts. Au Québec, les politiques d'intervention en milieux scolaires défavorisés sont restées périphériques, elles contribuent à améliorer le climat des classes, mais n'ont guère d'effets sur les apprentissages eux-mêmes.
Revue française de pédagogie n° 178, IFE, 17 €, www.ife.ens-lyon.fr/editions/rfp