Les salariés de l'enseignement privé "très inquiets" pour leur avenir
Paru dans Scolaire le samedi 07 juillet 2012.
"Ecole privée: salariés mal traités! Ecole privée: salariés mal payés! Ecole privée: salariés non respectés!". Les syndicats de l'enseignement privé (SNEC-CFTC, FEP-CFDT et SPELC) ont manifesté leur mécontentement, jeudi 5 juillet, devant le Secrétariat de l’Enseignement catholique. Alors qu’Eric de Labarre y annonçait ses propositions "pour la refondation de l’Ecole" (voir ToutEduc Le privé bénéficiera des mesures du "plan d'urgence" pour la rentrée 2012), les salariés des établissements privés regrettaient qu’il "oublie le 'petit personnel'", pour reprendre l’expression de J.-F. Bouvrot (FEP-CFDT).
Depuis décembre 2011, les salariés des OGEC (organisme de gestion de l’enseignement catholique) renégocient la convention collective PSAEE, qui régit leurs conditions de travail. Ils condamnent "le tassement des salaires, notamment des cadres" et demandent de prendre en considération "les propositions présentées par les organisations syndicales concernant le temps de travail de l'ensemble des personnels".
Travailleurs pauvres
Actuellement, pour les syndicats, la réécriture de la convention collective "piétine". Sur 12 chapitres à négocier, seuls 3 ont été discutés mais non actés jusqu’à présent. "Notre collège employeur, l’enseignement catholique, n’est pas très ouvert : il dénonce la convention actuelle sans nous donner les moyens de faire aboutir les négociations", estime Mylène Bois, secrétaire générale de la CFDT-Bourgogne. "L'enlisement des négociations conduira à la régression sociale pour des salariés déjà majoriatairement peu rémunérés et souvent employés à temps partiel non choisi."
Sur "plus de 100 000" salariés de l’enseignement privé directement rémunérés par les établissements, 60% travailleraient à temps partiel. "Les établissements catholiques voudraient nous faire travailler 41h de plus par an sans rémunération supplémentaire, alors que 80 % des salariés de l’enseignement privé sont des travailleurs pauvres !" s’indigne Odile Verbrugge, ancienne surveillante de collège. Fin juin, la dernière proposition de l’Enseignement catholique, qui prévoyait notamment de créer un salaire minimum dans la branche, avait été jugée "scandaleuse" par le SNEC-CFTC. "Cette pitoyable mesure sociale n'aurait profité qu’à un nombre limité de salariés et aurait laissé tous les autres sur le carreau", explique le syndicat.
"Grèves pertinentes"
Au-delà du volet financier, les salariés des OGEC (documentalistes, personnels d’éducation, d’entretien, administratifs) demandent que soit reconnu "le caractère éducatif qui sous-tend l’ensemble de ces métiers". Ces personnels ont une responsabilité directe sur les jeunes qui leur sont confiés : "ils ont donc autant d’importance que les enseignants", estime J.-F. Bouvrot. En associant "la refondation de l’école" aux seuls enseignants, l’Enseignement catholique néglige le personnel d’éducation.
Pourtant, même si les enseignants et les salariés de l’Education nationale bénéficient de régimes séparés, "ces différences de statut ne nous empêchent pas de penser notre action dans le cadre d’une communauté de travail", affirme le secrétaire national de la CFDT. Il regrette que "le collège employeur semble négliger cette dimension".
Si les négociations continuent à s'enliser, les syndicats n’excluent pas la mise en place de "grèves pertinentes" à certaines horaires stratégiques. Ces actions permettraient de rappeler l’importance du "petit personnel" des établissements. "Entre 11h et 14h, sans personnel de cantine ou d’accueil, sans surveillants ni sécurité, comment un établissement pourrait-il s’en sortir ?" résume O. Verbrugge.