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Quel héritage l'école peut-elle transmettre ? (Ph. Meirieu et Antoine Prost)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le samedi 07 juillet 2012.

Pour Philippe Meirieu comme pour Antoine Prost, qui concluaient les travaux de la 8ème biennale de l'éducation, laquelle avait choisi pour thème "transmettre", ce concept fait problème. Le pédagogue rappelle le mot de Ricoeur, "tout autodidacte est un imposteur", il y a donc toujours transmission, mais aussi celui de Carl Rogers, "on n'apprend bien que ce qu'on apprend soi-même", il y a donc toujours rupture. Il rappelle aussi que l'individu qui accède à l'humanité doit à la fois s'inscrire dans une continuité, intergénérationnelle, et se différencier de ses parents. Il ajoute avec Hannah Arendt, même s'il ne pense pas que le phénomène soit aussi brutal qu'elle le décrivait, que nous subissons "la perte du monde commun", un éclatement des consensus. Nous ne pouvons plus revisiter le passé pour "construire du commun." Comment sortir de cette aporie ? Il faut s'attacher à ce qui dans les cultures, y compris professionnelles, résonne en chacun de nous. Il faut "relier ce que nous avons de singulier", articuler "ce qu'il y a de plus intime et de plus universel". Philippe Meirieu pense notamment aux grandes oeuvres littéraires. 

Antoine Prost n'est "pas à l'aise" avec le terme de transmission. Si a transmission "assure la continuité entre les générations successives", "l'humanité est faite de plus de morts que de vivants" et privilégie l'intergénérationnel aux dépens de l'intragénérationnel. L'historien pose aussi la question des lieux de la transmission. Notre langue a changé. La publicité nous fait connaître ce qui est nouveau, et disqualifie l'ancien. Sur les lieux de travail, les très jeunes ne trouvent plus de petits boulots, du type garçon de course, qui permettaient de rentrer dans une culture professionnelle. Le rôle de la famille s'effrite, non pas du fait de la démission des parents, mais parce que les modes de vie évoluent, les mouvements de jeunesse, qui permettaient des apprentissages entre pairs "selon un projet défini par les adultes", sont en crise. Ne reste que l'école, qui "a massivement étendu son empire."... Seuls 10 % des jeunes de 17 ans étaient scolarisés en 1960. Mais elle  a rétréci ses ambitions, se contentant de transmission des savoirs, privilégiant "l'individualisme, le compétition, le malheur aux vaincus et aux cancres" sur la transmission de valeurs communes, universelles (si tant est qu'il y en ait). "Elle n'est pas le lieu où on se consacre à faire société". 

Toutefois, l'historien s'interroge. Quelles valeurs l'école peut-elle transmettre dans une société qui "ne s'aime pas", qui "se sent coupable de Vichy, de colonisation, de l'esclavage, de la pollution, du réchauffement climatique..." ?  Il nous faut "trouver une façon de nous aimer un peu plus".

La biennale a réuni pendant 4 jours près d'un millier de personnes, entre conférences plénières, ateliers et colloques des partenaires. Le site de la biennale Belgique : De nouvelles pratiques pour relancer l'EPS (Biennale), 8ème Biennale de l'éducation : "L'universel n'est donné nulle part", mais le relativisme n'est pas la solution et George Pau-Langevin : une éducation qui aide à plus d'estime de soi, y compris pour les parents.

 

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