8ème Biennale de l'éducation : "L'universel n'est donné nulle part", mais le relativisme n'est pas la solution
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Orientation le mardi 03 juillet 2012.
Il a fallu 6 ans pour que la 7ème édition de la "Biennale de l'éducation", en 2006, renaisse de ses cendres et que la 8ème édition soit ouverte ce 3 juillet 2012 à Paris, dans les locaux du CNAM. Jean-Marie Barbier, qui la préside, a rappelé qu'il s'agit toujours de "faire se rencontrer les acteurs de l'éducation et du développement humain", et il a fait remarquer que son intitulé , "biennale internationale, éducation, formation" a été enrichi des "pratiques professionnelles". Elle est d'ailleurs placée sous l'égide de Bertrand Schwartz, qui a bouleversé le concept même de formation professionnelle.
Paulin Houtondji, philosophe et ancien ministre béninois a renvoyé dos-à-dos "l'arrogance des vainqueurs", qui prétendent incarner l'universel, et le "piège identitaire" dans lequel peuvent s'enfermer les vaincus, qui idéalisent leur culture opprimée. "L'universel n'est donné nulle part", même les catégories d'Aristote ne sont que l'expression de "catégories linguistiques" propres à sa langue maternelle. Mais que l'universel se construise ne doit pas non plus conduire au relativisme. "Il faut enseigner l'exigence d'enracinement et d'ouverture" et ne pas s'enfermer dans une culture, "quelle que soit sa valeur".
Emmanuelle Laborit, ambassadrice de la langue des signes en France, a rappelé que les petits enfants sourds n'apprennent pas cette langue en classe, alors que c'est une vraie langue, et qu' "ils ont droit à une culture, à une vision du monde dans leur langue". Elle a souligné l'importance des pairs dans la transmission. Alain Berthoz, professeur au Collège de France, a montré, à partir d'une analyse des fonctionnements du cerveau, le rôle que jouent les mécanismes d'empathie et de sympathie dans les apprentissages, et les grandes différences entre l'hémisphère gauche, celui du langage, du récit et des séquences, et l'hémisphère droit, celui des cartes, de la vision globale, mais aussi entre les fonctionnements des anxieux et des "non-anxieux", des hommes et des femmes...