Déchiffreurs de l'éducation : une politique qui détourne l'évaluation de son sens.
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 03 avril 2012.
Les évaluations en CE1 et CM2 modifient la façon dont les enseignants travaillent et on a même vu un inspecteur demander aux enseignants de sa circonscription de faire réviser leurs élèves, donc de tricher. Les enseignants ont d'ailleurs le sentiment qu'on leur demande avant tout de remplir des cases à cocher. Ces remarques ont été faites en marge de la présentation par le "Collectif des déchiffreurs de l'éducation", dont le site est hébergé par le CRAP-Cahiers pédagogiques. Les syndicalistes présents ont souligné les dérives auxquelles conduit une politique de gestion par les résultats. Les académies et les circonscriptions passent des contrats qui stipulent que tel ou tel point doit être amélioré et les évaluations démontreront qu'il l'a été...
Les critiques portées contre les évaluations de CE1 et de CM2 ont été largement rappelées ce mardi 3 avril. Leur méthodologie est si mal assise que, la deuxième année, les résultats en mathématiques ayant sérieusement baissé, la DEPP (le service statistique) qui a été écartée de leur conception et de leur administration, a été appelé en renfort pour mieux mesurer la difficulté des exercices proposés et "redresser" les chiffres. Cette année, la DGESCO (l'enseignement scolaire) ayant obtenu des résultats satisfaisant n'a pas fait appel à la DEPP.
Mais au-delà de la dénonciation des techniques employées, la conférence de presse a été l'occasion de souligner les difficultés du service statistique du ministère, et la nécessité qu'il y aura à "remettre la machine en route". L'ancienne directrice, Claudine de Peretti, aurait d'ailleurs perdu son poste parce qu'elle se serait opposée à la réforme qui lui demandait de répondre aux besoins des autres directions au lieu de répondre aux besoins du système éducatif, tels qu'ils peuvent être définis avec ses usagers.
Sur les déchiffreurs, voir aussi ToutEduc Constitution d'un collectif de "déchiffreurs", Décrocheurs : où sont les vrais chiffres ? et 65 000 élèves en plus depuis 3 ans, calculent "les déchiffreurs".