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L'éducation à la sexualité commence à 4 ans (I. Nisand, J. Bougrab)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 20 février 2012.

"Pour garantir la gratuité des moyen de contraceptions aux mineurs, les laboratoires ont déjà fait la moitié du chemin, l'Etat n'a plus qu'à faire la seconde." Jeudi 16 février, Israël Nisand remettait à Jeannette Bougrab, Secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse, son rapport sur la sexualité des jeunes. Pour le responsable du pôle gynécologie du CHU de Strasbourg, il est indispensable de mettre en place un "forfait contraception". Celui-ci permettrait à toutes les jeunes filles de moins 18 ans d’avoir accès aux moyens de contraceptions les plus efficaces de manière gratuite et anonyme. La gratuité serait maintenue après 18 ans sur critères sociaux.

Israël Nisand assure que les "cinq laboratoires qui produisent les moyens de contraception innovants" ont donné leur accord de principe pour les vendre à prix coûtant aux jeunes mineures, soit 7 € par mois. Le coût annuel de chaque "forfait contraception" serait ainsi bien inférieur à celui d'une IVG, estimée à 350 €. La prise en charge de ce financement par l'Etat n'impliquerait donc aucun coût supplémentaire, à condition de faire basculer une partie des financements consacrés à l'IVG vers les moyens de contraception. Selon I. Nisand, sur les 90 000 IVG recensées chez les jeunes femmes de moins de 25 ans, 60 000 pourraient être évitées si les conditions d'accès aux moyens de contraception étaient plus favorables.

Aucune loi nécessaire

Jeannette Bougrab précise qu'il n'y aurait "pas besoin de loi" pour adopter la gratuité du "forfait contraception". "La contraception gratuite existe déjà, elle est prévue par la loi du 4 Juillet 2001", rappelle la secrétaire d'Etat à a jeunesse. Il s’agirait maintenant d’étendre sa portée.

En effet, pour bénéficier de moyens de contraception gratuits, il faut actuellement se rendre dans un centre de planning familial. Or "4 jeunes femmes sur 5 habitent à plus de 100 km d'un Planning familial", signale J. Bougrab. Dans les faits, très peu bénéficient donc de cette gratuité et "les meilleurs moyens de contraception sont réservés à celles qui ont les moyens", regrette Israël Nisand. En effet, "les baisses de prix ne concernent que les moyens de contraception les plus anciens". L'Etat doit donc intervenir pour "favoriser l'accès aux moyens de contraception les plus adaptés: patchs, anneaux, qui ne sont actuellement pas remboursés par la sécurité sociale", confirme Sophie Marinopoulos, psychanalyste et co-auteur du rapport.

Une éducation dès quatre ans

Le financement des moyens de contraception est indissociable d'une démarche de formation des jeunes. "Ce n'est pas qu'une question de prescription médicamenteuse, mais auss d'éducation dès le plus jeune âge", affirme J. Bougrab. Sur ce point, la loi de 2001 a simplement besoin "d'être appliquée", estime Israël Nisand. Alors qu'elle prévoit 3h d'éducation sexuelle hebdomadaires, très peu d'établissements appliquent cette directive. Pour le praticien, "il faut développer les ressources nécessaires pour appliquer correctement cette loi. Il s'agit de donner des outils pédagogiques pertinents aux enseignants, ainsi qu'aux professeurs des écoles" I. Nisand recommande en effet une initiation au thème de l'attirance "psychique et affective dès l'âge de quatre ans", avant "d'accentuer cette formation au cours de la puberté".

L'éducation à la sexualité ne s'effectue pas seulement entre les murs de l'école. L'idée du "pass contraception", proposée par Ségolène Royal en 2009, ne répond pas aux besoins de jeunes, note Brigitte Lecombe, gynécologue et co-auteure du rapport. "Le pass contraception offre une consultation médicale gratuite, mais on ne sait pas qui va la faire, ni dans quelles conditions. Or, pour réussir à apprivoiser un adolescent et lui permettre de se confier, il faut des praticiens bien formés et des temps de consultation élargis."

Les auteurs du rapport préconisent ainsi la mise en place de "réseaux locaux" qui impliquent les acteurs amenés à jouer un rôle dans l'accompagnement des adolescents: "pharmaciens, généralistes, directeurs écoles, enseignants", énumère B. Letombe. Israël Nisand explique que dans la vallée de la Bruche, où de tels réseaux se sont développés, le nombre d'avortements a fortement diminué.

Briser un tabou social

L'enjeu de ce rapport est avant tout de "briser cet immense tabou social qu'est la sexualité." Pour I. Nisand, il s’agit d’ "un projet de santé publique" qui doit interpeller les candidats à l'élection présidentielle. Il a vocation à être "mis en oeuvre après l'élection", quel que soit le candidat vainqueur. "Le problème de l'avortement est un thème apolitique" confirme Jeannette Bougrab, qui se montre confiante : "on ne reviendra pas en arrière, ce rapport va impulser quelque chose"

Pour l'Association des Familles Catholiques, consultée par Israël Nisand lors de la rédaction du rapport, la véritable question n'est pas le financement de la contraception mais "l'éducation des jeunes à l'amour" (leur communiqué ici).

Rappelons qu'un rapport parlementaire sur la contraception des mineures, rendu public en mai 2011, préconisait déjà de relancer la formation des personnels de l'Education Nationale (voir toutEduc Education sexuelle: accord sur les conclusions du rapport parlementaire de B. Poletti; son intégralité sur le site  de l'Assemblée Nationale).

 

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