Pour réduire les inégalités, l'éducation n'est pas une panacée, selon Marsh (Monde diplomatique)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 06 janvier 2012.
L’éducation suffira t-elle pour réduire les inégalités ? A cette question, John Marsh répond par la négative dans un article publié par le dernier numéro du Monde diplomatique. Depuis le discours de Barack Obama du 6 avril dernier où il rappelait un de ses principaux objectifs "tout faire pour donner à chacun la meilleure éducation possible", car elle demeure "le facteur le plus décisif pour déterminer si un enfant va réussir dans la vie ou non", le journaliste voit se dessiner un consensus –"un Gospel de l’éducation" puisque le républicain Gregory Mankiw, conseiller à la supervision de l’économie de George Bush voyait dans l’éducation le meilleur moyen de sortir de la pauvreté.
Marsh y voit une surestimation de l’Ecole comme moyen de résorption des inégalités au moment où les manifestants d’ "Occuper Wall Street" revendiquent la remise de leurs dettes parce qu'ils ne trouvent pas les emplois correspondant à leurs diplômes et ne peuvent donc les rembourser.
S’appuyant sur des travaux de chercheurs, il considère que " l’éducation compte pour 15% dans les résultats des élèves". "Quand elle est efficace, l’Ecole parvient à empêcher que le fossé s’élargisse ; mais elle ne le réduit pas."
La question cruciale serait donc celle du marché du travail. Le Bureau des statistiques du travail américain prévoit que d’ici à 2018, "seul un emploi sur quatre nécessitera un diplôme universitaire"; l'hiatus formation – type d’emplois paraissant inévitable, Marsh tranche en faveur de meilleures rémunérations pour tout un chacun pour remédier aux inégalités .
Ainsi, en opposition à l’idée que l’éducation représente "la question des droits civiques de l’époque", John Marsh préfère revisiter "Je fais un rêve" de M. Luther King auquel les manifestants répondaient "des emplois et la liberté".