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Evaluation des enseignants : une question à resituer dans une réorganisation territoriale de l'administration (Ph Tournier)

Paru dans Scolaire le jeudi 17 novembre 2011.

Le "Café pédagogique" a publié les projets de textes confiant l'évaluation des enseignants du second degré aux chefs d'établissement (ici) et publie ce matin un dossier très complet sur les réactions syndicales, toutes hostiles, à ce projet (ici). Ainsi, pour le SE-Unsa, il "exclut de fait les personnels d’inspection pédagogique de l’évaluation" et il "bouleverse" les déroulements de carrière "en les alignant sur le rythme d’avancement le plus défavorable", ce que confirme une infographie du Café. Pour sa part, le Sgen-CFDT, estime nécessaire "de rebâtir la gouvernance du système éducatif" mais ajoute que ces questions "méritent mieux qu'une présentation d'un texte finalisé".

 Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa (le principal syndicat de chefs d'établissement) s'étonne que "tout le monde déduise de ce texte que les inspecteurs pédagogiques disparaissent". Interrogé par ToutEduc, il considère que ces textes décrivent "une procédure plutôt que son contenu", que certains concepts, comme "l'auto-évaluation" peuvent être intéressants mais ne sont pas précisés; et que leur application peut générer "une régression" comme une amélioration de la situation actuelle. L'inspection individuelle, telle qu'elle est pratiquée, permet, au mieux, d'évaluer la qualité d'un cours donné un jour donné, une fois tous les 5 ans en général, et non pas "la qualité tous les jours", ce à quoi l'inspection peut contribuer.

 

"Ce qui est clair en revanche, c'est la volonté de dissocier la chaîne décisionnelle et l'expertise."

ToutEduc : Faut-il comprendre ce projet à la lumière du décret sur la réorganisation des rectorats, et de la chaîne hiérarchique ? (voir ToutEduc, L. Chatel veut une ligne hiérarchique directe avec les établissements et les enseignants)

Philippe Tournier : Il y a, d'évidence, nécessité de repenser une architecture très largement théorique. A côté de cette question de la place de l'expertise, il y a effectivement la question du rôle des "inspecteurs d'académie directeurs des services départementaux", qui deviendraient adjoints du recteur. La directrice des ressources humaines nous a présenté un projet de circulaire d'application plein de bonnes intentions, et qui n'attire pas les foudres des personnels de direction. Le problème, c'est l'application de ce texte. Dans un quart des rectorats, la situation est extrêmement conflictuelle, tendue, bloquée. Les pratiques réelles sont très loin des "bonnes pratiques" décrites dans ce texte, qui insiste sur le dialogue et les relations contractuelles.

ToutEduc : C'est la personnalité du recteur qui fait problème ?

Philippe Tournier : Toujours est-il que rien n'est prévu pour la régulation sinon que le recteur peut être remplacé chaque mercredi. Est-ce d'un préfet de l'éducation dont on a besoin aujourd'hui ? Un "mandat" renouvelable ne serait-il pas plus approprié ? Comment passe-t-on du politique au management du système ? On sent que l'on commence à tourner autour de ces questions, le sujet était tabou il y a quelques années.

ToutEduc : Et comment voyez-vous les relations avec les collectivités territoriales, dont la part dans le financement de l'éducation se rapproche de celle de l'Etat ?

Philippe Tournier : Le législateur n'a pas tranché sur leur place. Officiellement, là encore, nous sommes dans la concertation, l'Etat pilote et les collectivités contribuent. En réalité, les établissements arbitrent entre l'une et l'autre de leurs deux tutelles. L'une est représentée par un élu qui est en place pour plusieurs années, l'autre par un recteur dont le mandat est renouvelé chaque mercredi... Les deux sont en compétition. Nous avons pris 5 ans de retard sur les ENT [environnements numériques de travail, NDLR] à cause de cette paralysie mutuelle. A ne pas vouloir donner leur place aux collectivités, nous nous inquiétons d'ailleurs de la menace latente d'une régionalisation pure et simple de l'Education qui ne serait plus vraiment nationale.

ToutEduc : Nous avons donc un texte sur l'inspection pédagogique et l'expertise qui devrait s'intégrer à une réflexion beaucoup plus large ?

Philippe Tournier : Oui, ce sont des questions qui méritent d'être posées sereinement, au bon moment, comme elles auraient pu l'être, par exemple au moment du "rapport Pochard", mais qui le sont dans un climat de psychodrame et avec une maladresse rare. Tout arrive en même temps, mais sans débat d'ensemble.

 

 

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