Passer de l'opposition plaisir / ennui à l'école à la découverte de la puissance de son esprit (revue du CIEP)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le dimanche 09 octobre 2011.
"Des étudiants [ou des élèves] suffisamment heureux d'apprendre ont besoin de professeurs suffisamment heureux d'enseigner." Laurence Cornu (université de Tours) donne le ton dans l'introduction qu'elle donne au dossier du dernier numéro de la "Revue internationale d'éducation" (CIEP), au titre volontairement polémique, "le plaisir et l'ennui à l'école".
Il faut pourtant éviter de "retomber dans l'ornière d'une énième polémique dichotomique sur le thème", d'autant que plaisir et ennui ne s'opposent pas toujours, et peuvent se combiner "en un étrange nouage". On en mesure pourtant les effets à travers les résultats de PISA qui montrent que "réussir suppose de lire" et que "lire par plaisir accroît la réussite". Il faut donc encourager le fait de lire par plaisir. Mais comment ? Comment aussi éviter les formes de maltraitance de l'institution scolaire ? En Inde, les enseignants passent moins de 2 % de leur temps à féliciter leurs élèves. L'Ecole française "cultive une rhétorique de l'effort"; "l'expérience de la frustration est [certes] inévitable pour le sujet humain", mais elle n'est bénéfique qu'à certaines conditions : "il doit pouvoir y avoir une écoute".
La revue examine la situation norvégienne, où le fait de "se sentir bien à l'école" a été identifié comme un facteur de réussite", ce qui n'empêche pas qu'il y ait des décrocheurs. Laurence Cornu propose un déplacement du plaisir vers le sens : "l'apprentissage est bien mieux accepté et assimilé lorsqu'on comprend de quoi il s'agit", quand l'Ecole fait un effort "pour relier l'enseignement au monde réel des élèves". Il ne s'agit plus de "plaisir", mais d'un engagement de l'élève dans ses propres études. "Découvrir la puissance de son propre esprit, voilà qu permet d'engager l'effort parfois austère de l'étude."
"Revue internationale d'éducation" n° 57, CIEP, 13,90 €, commande sur le site du CIEP, ici, ou par courriel.