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L'abandon progressif des notes dans un collège du Gers

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 08 septembre 2011.

En 2010-2011, le collège Gabriel Seailles de Vic-Fezensac, dans le Gers, a banni totalement les notes au profit d'une évaluation par compétences dans tous les programmes de toutes les matières dans une classe de 6e. Cette évaluation s'étend cette année à toutes les 6e en plus de la classe expérimentale qui poursuit son chemin en 5e, et elle doit être progressivement étendue à toutes les classes jusqu'à la fin de la 4e. L'expérimentation, présentée ce jeudi 8 septembre 2011 au recteur de l'académie de Toulouse, a été rendue possible dans le cadre de l'article 34 de la loi Fillon, après avoir été validée en juin 2010 par l'établissement dans le cadre de son contrat d'objectifs établi pour 3 ans.

Baptisé "Envie d'apprendre", le projet a pour principal objectif de (re)motiver des élèves arrivant en difficulté en 6e. "On constatait depuis des années que ces derniers partaient un peu vaincus d'avance", se souvient Christèle Thiriet, professeur principal de la classe expérimentale sans notes. "Du coup, on les traînait, ils avaient du mal à s'orienter... On a voulu leur redonner envie d'être au collège et d'apprendre, en leur expliquant le sens de chaque discipline, pourquoi ils sont là..." Supprimer les notes semblait doublement intéressant: "quand il y a la note, on constate que le savoir est acquis seulement pour la note et non pour grandir et se construire", explique l'enseignante. "De plus, la note n'arrive plus à faire fonctionner les élèves en difficulté car elle est dévalorisante, voire même très violente y compris pour les parents. On a voulu leur montrer qu'ils ont aussi des points positifs." Ces points positifs apparaissent dans une évaluation par compétences (acquis) "alors qu'un enfant qui a 8/20 retient qu'il n'a pas la moyenne et ne voit pas qu'il y a des choses qu'il a quand même su faire".

Évaluation plus rapprochée, donc plus formative et plus motivante

L'enseignante relève "qu'ils s'accrochent alors que les autres années on en perdait dès le premier trimestre" et qu'ils ont une "image d'eux qui n'est plus négative". La motivation s'explique par le fait que le dispositif autorise de recommencer l'évaluation. Cette évaluation, "plus formative", selon le principal, Benjamin Paul, a aussi le mérite "de ne pas pénaliser un élève qui ne savait pas faire au départ" et de donner un "diagnostic plus précis". Elle bénéficie aussi aux "bons" élèves qui sont évalués sur leurs compétences civiques et transversales qui n'apparaissent pas dans une note (retard, difficultés de concentration, à s'organiser, etc.).

Le système semble aussi stimulant pour eux. "Nous avions peur qu'ils ne travaillent plus. D'autant que l'on sait que certains ne fonctionnent que par la note et oublient tout 15 jours après!", relève Christèle Thiriet. "Si l'élève a 17/20, il ne va pas chercher pourquoi il n'a pas 20. En revanche, là il a lui aussi un challenge puisqu'il a des points rouges à transformer."

Enfin, note le principal, "le rapport à l'évaluation a changé. On n'est plus dans le rapport à l'autre, plus dans la compétition par rapport aux autres mais comme au golf où l'on joue contre soi." À un goût de l'effort accru se greffe donc moins de stress lié à la compétition.

La note n'est plus un moyen de pression, les profs moins "autoritaires"

Le dispositif a néanmoins suscité des interrogations: celles des parents face à la difficulté de situer l'enfant par rapport à d'autres, celles des enseignants face à de nouvelles pratiques et face à leurs élèves. L'une des craintes exprimées au départ était de ne plus pouvoir se servir de la note comme moyen de pression: "On avait peur de ne plus pouvoir tenir la classe. Il y a du bazar, on fait une interrogation surprise. Là ces pratiques ne sont plus possibles. On a donc été obligés de dialoguer, discuter... de sortir d'une relation qui peut parfois être basée sur l'autoritarisme." Bref, ce dispositif "change le rapport au savoir et à l'élève".

À Gabriel Seailles, on envisage d'étendre ce mode d'évaluation à la 3e, non inscrite dans le contrat d'objectifs parce que les notes restent obligatoires pour l'orientation. Mais l'extension est possible parce qu'un logiciel gratuit, SACoche (les premières lettres sont l'acronyme de Suivi d'acquisition de compétences), permet de transformer les compétences en notes.

Lire aussi sur ToutEduc, "Les classes sans notes, ça marche!" dans un collège de Revin (Les classes sans notes, ça marche! (collège de Revin, Ardennes)) et "une expérience plutôt décevante" à Roubaix (Peut-on abandonner les notes? Une expérience plutôt décevante)

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