Peut-on abandonner les notes? Une expérience plutôt décevante
Paru dans Scolaire le mardi 25 janvier 2011.
"La disparition de la note ne semble pas être une solution pour agir sur la motivation d’élèves d’un collège 'Ambition-Réussite'. Les comportements constatés habituellement dans les autres classes sont apparus de la même façon et d’une façon peut-être plus accentuée car il n’y avait pas la peur ou la motivation de la note." C'est la conclusion que l'équipe des enseignants d'un collège de Roubaix tire de l'expérience menée pendant un an avec une classe de 6ème. Le document de synthèse, remarquablement clair et documenté, est téléchargeable à partir du site du l'OZP ou de l'académie de Lille.
Cette conclusion, qualifiée de "désolante", ne se fonde que sur "une seule année d’expérimentation sur une seule classe" et cela ne devrait pas "empêcher la poursuite d’un projet qui a demandé un investissement considérable", notamment pour l'élaboration de grilles de suivi par compétences, dont chacun des enseignants concernés rapporte comment il les a utiliséees, et quelles difficultés il a rencontrées. Cette synthèse permet aussi de mesurer l'importance du facteur humain: le projet ne sera pas reconduit "parce que son pilote l’abandonne pour des raisons personnelles et que personne ne s’est proposé pour prendre sa place". Autre facteur déterminant, les conditions matérielles de réunion de l'équipe: un créneau hebdomadaire de concertation aurait permis "le travail interdisciplinaire" et de donner "plus d’importance aux compétences transversales". "Peut-être que dans ces conditions, les élèves adhéreraient davantage et que la motivation pour le travail serait préservée pour un plus grand nombre."
Pour le professeur d'éducation musicale, qui est "assez satisfait d'avoir pu expérimenter ce dispositif", celui-ci "peut fonctionner réellement si toutes les classes fonctionnent sur le même principe". De même l'enseignante d'EPS estime que les élèves "ont intégré rapidement les critères d'évaluation", que "les règles étaient parfaitement connues et [que] cela facilitait le dialogue lorsque l'un des élèves ne les respectait pas". Le professeur de français "avait retenu 30 compétences" qu'il a essayé d'évaluer, mais "cela demandait trop de temps" et il lui semble "plus judicieux de limiter le nombre de compétences mises en avant et de ne travailler les autres que de façon ponctuelle et plus discrètement". Le professeur de mathématiques souligne le caractère "contraignant" du dispositif et ajoute: "Les évaluations pour cette classe n'ont pas changé par rapport à mon autre classe de sixième, mais le traitement des résultats était différent : en effet, les résultats pointaient directement les faiblesses ou les forces de chacun d'entre eux. Il m'a été difficile de stimuler les élèves les plus en difficultés."