"Jours tranquilles d'un prof de banlieue", le portrait cruel d'un établissement, et d'un métier
Paru dans Scolaire le vendredi 26 août 2011.
Martin Quenehen est producteur à France-Culture. Il était auparavant professeur d'histoire-géographie dans un lycée de banlieue, il se souvient de la dernière semaine de sa vie de prof, jusqu'à l'instant où il a décidé de demander sa mise en disponibilité. "Jours tranquilles d'un prof de banlieue" n'est pas une charge contre le système éducatif, l'auteur n'y soutient aucune thèse, ni pro, ni anti-pédagogique, seule l'arrivée de la notion de compétences lui paraissant suspecte. Il ne tente aucune théorisation, il se "fiche que le niveau baisse, ou monte", il fait le portrait cruel d'un établissement et de ceux qui s'y croisent: les enseignants sont d' "étranges mammifères" qui "hurlent au lieu de parler", même en dehors de leur classe, "l'aide individualisée" est une "permanence à la sauvette", le conseil de classe est l'occasion "d'une galerie de portraits digne des Misérables". L'administration n'est pas épargnée: lâcheté du proviseur, détournements de fonds du chef de travaux. Il ne ménage pas non plus les élèves, mais un reste de tendresse lui fait écrire "une classe de banlieue, c'est la cour des débâcles. Une caverne pleine d'obstacles, humide comme une vallée de larmes".
Ce n'est pas tant l'institution qui est décrite, que la pesanteur poisseuse d'un quotidien, ce qui explique que beaucoup d'enseignants rêvent de quitter "une place en or", de celles qui font "soupirer d'aise les proprios" quand on leur dépose un dossier de location".
"Jours tranquilles d'un prof de banlieue", Grasset, 209 p., 15 €