Combien de jeunes sans qualification? Entre 40 et 60 000 chaque année (INSEE et DEPP)
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 29 juin 2011.
Combien de jeunes sortent-ils chaque année sans qualification du système scolaire? La bataille des chiffres vient d'être relancée par Claude Guéant, à propos de l'échec scolaire des jeunes issus de l'immigration. L'INSEE publie à ce sujet quelques chiffres: parmi les jeunes entrés en 6ème en 1995 et sortis sans qualification, 22% ont au moins un de leurs parents né étranger ou né à l'étranger. Mais ce communiqué nous dit aussi que, dans cette classe d'âge, quelque 16% des jeunes ont au moins un de leurs parents immigré, soit, si on considère qu'ils sont nés en 1984, année qui compte 759 939 naissances, 121 600 enfants. Parmi les enfants entrés en 6ème cette année là, 10,7% de ceux dont les deux parents sont nés étrangers (ou un seul pour les familles monoparentales) sont sortis sans qualification, une proportion qui tombe à 6,6% pour ceux dont un seul des deux parents est étranger et à 6,1% pour les enfants de familles non immigrées, soit au total un peu moins de 50 000 jeunes, un chiffre très éloigné du nombre habituellement évoqué de 150 000, mais qu'il est difficile de considérer comme certain.
La proportion des jeunes sortis avec au moins un CAP est de 86% pour les filles, et de 81% pour les garçons, selon le service statistique du ministère de l'Education nationale (RERS, chap 8-20) soit 635 000 jeunes, si on considère qu'une tranche d'âge compte 760 000 jeunes. Le nombre des jeunes sortis sans aucun diplôme de niveau V est donc de 125 000. En revanche, si l'on considère comme y invite la norme interministérielle française qu'ont un niveau de formation les jeunes qui ont suivi l'année terminale, qu'ils aient ou non obtenu leur diplôme, il faut diviser ce nombre par deux environ, puisque 9% des garçons et 7% des filles sont allés jusqu'à l'examen.
Dans une Illettrisme des jeunes et sorties sans qualification: deux notes d'information du ministère). La confusion entre ces données, sans diplôme, sans qualification, ayant des difficultés en lecture, est avivée par les comparaisons internationales et par la stratégie de Lisbonne qui ne sont pas fondées sur les mêmes définitions.
Voici l'essentiel de la définition des "sortants sans qualification" telle qu'elle figure sur le site de l'Education nationale:
"La loi d’orientation sur l’éducation de 1989 prévoit (...) que la nation se fixe comme objectif de conduire d’ici dix ans l’ensemble d’une classe d’âge au minimum au niveau du certificat d’aptitude professionnelle ou du brevet d’études professionnelles. Cela revient à conduire l’ensemble des jeunes au minimum à une classe de niveau V, c’est-à-dire à l’année terminale de C.A.P. ou de B.E.P., avec ou sans le diplôme, ou à la seconde ou à la première générale et technologique. La classification des niveaux de formation repose sur la nomenclature des métiers de 1969 (...) En dix ans, de 1989 à 1999, le nombre de jeunes sortant sans qualification diminue presque de moitié, mais l’objectif fixé par la loi est encore loin d’être atteint puisque 58 000 jeunes, soit 7 % des jeunes sortants du secondaire, quittent l’école sans qualification (...) Au début des années 2000, la loi organique relative à la loi des Finances (LOLF) programme 3 % de jeunes sortants sans qualification à l’horizon 2010. Ces jeunes représentent 5,5 % des sortants métropolitains de 2005. En 2007, la LOLF abandonne finalement cet indicateur au profit des non-diplômés de Lisbonne."