La lettre n°5
Paru dans La lettre le mercredi 18 mars 2009.
ToutEduc marque des points. Les organisateurs lyonnais d'un colloque d'envergure sur le "socle commun" et la "culture commune" nous ont dit l'importance que revêtait pour eux la publication de l'appel à communication sur le site. Nous avons croisé, lors d'une rencontre autour d'Edgar Morin, une mère d'élève pour qui nos informations font référence, et qui était heureuse de nous le dire. Après "Les idées en mouvement" (Le magazine de la Ligue de l'enseignement), "Enseignement catholique actualités" et "Animation & Education" (la revue de l'OCCE, l'Office central de la coopération à l'école) ont appelé leurs lecteurs à s'approprier ce nouvel espace de dialogue. Nous avons pris contact avec "Miroir social", centré sur les relations au sein des entreprises, et dont le fonctionnement est voisin du nôtre, mais qui a une bonne année d'avance sur nous.
Nous devons tenir compte de son expérience, et tirer les leçons de nos premiers mois de vie. Nous avons eu, sur les 15 premiers jours de mars autant de visiteurs différents que sur la totalité du mois de février, et nous en sommes à 3 000 visites, plus que le mois dernier. Mais manifestement, malgré tous nos efforts, le maniement du site reste complexe. Nous travaillons à en améliorer l'ergonomie, afin que la technique ne fasse pas obstacle à la mission que nous nous sommes donnée: faire remonter l'information du terrain, et ne plus attendre qu'elle nous vienne de nos dirigeants. Nous allons aussi créer une nouvelle rubrique, pour vous recommander les sites de nos amis. Merci à La Ligue et à Savoir-Livre (réunion des éditeurs scolaires) pour leur soutien. Nous recherchons activement d'autres "sponsors". Nous devons avoir les moyens de faire vivre une structure qui a démontré son utilité sociale, même si nous sommes encore très loin de nos objectifs.
La course contre la montre des EVS/AVS (Emplois/Auxiliaires de vie scolaire), dont les contrats arriveront tous à échéance le 30 juin prochain, a suscité sur le site de nombreux commentaires. ToutEduc a ainsi montré sa capacité à devenir un lieu d'échange et d'élaboration pour les professionnels de l'éducation, pour peu qu'ils l'investissent et qu'ils en respectent les règles de circulation: poser des problèmes concrets, proposer des solutions, partager des expériences, sans jamais se contenter de prendre position (pour ou contre), et en s'interdisant toute attaque visant les personnes.
Sur l'information à proprement parler, nous faisons surtout de la veille. Mais parfois, la veille donne un scoop, et le recteur Jean-Michel Lacroix nous a annoncé que tous les cours du CNED, du CP à la Terminale, seraient accessibles gratuitement sur Internet à partir du 1er juin prochain.. (voir notre dernière lettre). Vous imaginez l'émoi chez les éditeurs scolaires: ces cours pourraient apparaître comme des substituts aux manuels d'autant plus intéressants qu'ils auraient l'estampille "Education nationale". Mais depuis, certains personnels du CNED nous ont fait savoir que les annonces n'étaient pas des actes, que les cours n'étaient pas prêts, et que la question, toujours épineuse, des droits d'auteur n'était pas réglée.
Les manuels scolaires sont-ils d'ailleurs menacés? Pas si l'on croit les résultats d'un sondage commandé par Savoir Livre, qui montre que les parents et les enseignants y restent très attachés, comme à l'objet livre en général. Le débat organisé au Salon du livre a souligné aussi qu'Internet était encore un média élitiste, et pas seulement pour des raisons matérielles. Son usage est moins simple qu'il n'y paraît quand on a une culture pour structurer les informations, que la toile disperse. Autre enseignement de ce sondage, la force d'inertie du système: alors que Xavier Darcos met l'accent sur une nouvelle discipline, l'histoire de l'art, seuls 5% des enseignants du premier degré considèrent que l'école doit acquérir des manuels dans cette discipline contre 54% en français!
La raison de notre attachement aux manuels scolaires est peut-être à chercher dans le pouvoir que les livres ont de « relier », tout en mettant à distance. Lors de la dernière journée organisée par "Quand les livres relient", l'agence nationale des pratiques culturelles autour de la littérature jeunesse, Joëlle Rouland, auteur et metteur en scène de textes pour les tout petits, s'est attachée à montrer le lien qui s'établissait entre nous autres, adultes, « anciens bébés », et les spectateurs. Elle a raconté l'histoire d'un jeune comédien qui « s'était perdu » dans le regard des enfants, s'identifiant à eux au point de ne plus pouvoir jouer, et de s'effondrer.
Pour nous relier les uns aux autres tout en nous préservant de l'effondrement, il faut sans doute que ce que nous partageons fasse « socle ». Surtout si les enfants sont instruits dans leur famille. Pour leur éducation, le socle commun doit faire référence, comme l'indique un décret publié le 5 mars: « la progression retenue pour l'acquisition » des connaissances « doit avoir pour objet d'amener l'enfant, à l'issue de la période de l'instruction obligatoire, à la maîtrise de l'ensemble des exigences du socle commun », même si les modalités et le rythme de ces acquisitions ne sont pas imposées.
Vous avez d'ailleurs peut-être votre mot à dire sur la question du socle commun. Dans ce cas, Intervenez lors d'un colloque sur le socle commun par les organisateurs du colloque international "De la culture commune au socle commun", qui se tiendra à l'INRP (Lyon) les 19 et 20 novembre 2009. Cela ne vous empêchera pas de participer à l'enquête de la MGEN sur la qualité de vie des personnels des collèges et des lycées (un autre scoop de ToutEduc), de regarder La journée de la jupe, vendredi soir sur Arte, ou d'écouter les émissions des collégiens et lycéens de Paris, sur radio Clype. Puis d'apporter vos commentaires, sur ToutEduc.fr.