La course contre la montre des EVS/AVS
Paru dans Petite enfance, Scolaire le jeudi 05 mars 2009.
Les Emplois de vie scolaire et les Auxiliaires de vie scolaire (EVS/AVS) recrutés il y a trois ans dans le cadre de contrats aidés à durée déterminée (contrats d'avenir ou contrats d'aide à l'emploi), devront céder leur place à d'autres le 30 juin prochain. Date à laquelle leurs contrats, d'une durée limitée à deux ans et prolongeable d'un an par dérogation, arriveront à leur terme.
Si cette échéance n'est pas une surprise, et si elle correspond à l'esprit initial de ces contrats d'insertion, présentés à leur création comme des « tremplins » vers d'autres métiers, un nombre important d'EVS et d'AVS estiment aujourd'hui que leur travail au sein des établissements scolaires a mis en évidence l'existence de besoins spécifiques, auxquels on ne saurait répondre sans un minimum d'expérience et de savoir-faire.
Réunis en colloque hier à Paris à l'appel de l'UNCEVS (Union nationale des collectifs d'EVS), EVS et AVS ont réfléchi sur la stratégie à adopter pour obtenir la reconnaissance de leurs métiers, sortir de la précarité (la plupart des EVS/AVS ne gagnent pas plus de 800 euros par mois), et à plus court terme, obtenir une nouvelle prolongation de leurs contrats, avant la date couperet du 30 juin.
Les questions posées par l'assemblée ont révélé un conflit entre deux préoccupations contradictoires: 1) Comment obtenir la reconnaissance de ces trois années d'expérience, dans le cadre de la VAE (Validation des acquis de l'expérience), pour l'obtention d'un diplôme ou l'entrée dans un autre corps de métier (médico-social ou autre)? 2) Comment obtenir la pérennisation des postes d'EVS/AVS au sein de l'institution scolaire, par la définition de métiers et la possibilité d'une titularisation? Pris par l'urgence, les EVS/AVS sont à la fois soucieux de préparer leur sortie et de trouver les moyens de rester. Et c'est là que réside toute la difficulté de leur situation.
A cette question s'est ajoutée celle de savoir jusqu'où devaient aller les revendications: les EVS/AVS doivent-ils se contenter de demander la prolongation de leurs contrats, sans remettre en cause leur caractère précaire, ou doivent-ils dès aujourd'hui demander un véritable statut, et la possibilité d'une titularisation?
Les participants se sont accordés sur la seule réponse qui s'impose, étant donné le peu de temps qui leur reste. Quatre mois ne suffiront pas pour gagner le combat de la reconnaissance, et en attendant, « il faut garder les deux pieds dedans », pour être simplement en position d'agir: une fois redevenus chômeurs, les EVS/AVS n'auront plus de voix pour se faire entendre.
Priorité, donc, à la prolongation des contrats. Ce qui n'empêche pas d'engager dès aujourd'hui la réflexion sur le passage des « emplois » aux « métiers » et sur les moyens de sortir de la précarité...