Quelle "gouvernance" pour l'éducation? (7èmes rencontres de l'Education)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 08 avril 2011.
" Les dépenses pédagogiques sont du ressort de la municipalité", a récemment déclaré un inspecteur d'académie, rapporte Yves Fournel, président du réseau français des villes éducatrices lors de la table-ronde de clôture des 7èmes rencontres nationales de l'Education. C'est un exemple de la confusion qui règne actuellement en matière de gouvernance du système scolaire. Mais qu'est-ce que la "gouvernance"? Olivier Giraud (sciences politiques) signale que ce terme implique une remise en cause de l'Etat hiérarchisé et centraliés. On l'utilise en matière d'éducation, sans savoir ce qu'on attend de la décentralisation. "On ne sait pas ce qu'on veut." Voit-on dans l'éducation "un facteur de compétitivité économique "? Un moyen de lutter contre le chômage? Nous manquons en France de vrais débats, qui aboutissent à la formulation d'attentes, et qui ne se fassent pas entre spécialistes."
Yves Sintomer (Paris-VIII) ajoute qu'un "service public d'éducation" devrait permettre au "public" d'avoir son mot à dire. Il cite en exemples les "budgets participatifs des lycées en régions Poitou-Charentes, Ile-de-France, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais", mais craint à l'inverse que s'instaure "une démocratie institutionnelle ankylosée", avec "plein de petits présidents" sans réel contre-pouvoir, comme on le voit dans les universités. Yves Fournel plaide d'ailleurs pour la constitution "d'établissements publics de coopération éducative", au lieu d'EPEP pour le primaire.
De même Gwenaële Hamon (adjointe à la Ville de Rennes) demande aux collectivités de "travailler avec les usagers" et de savoir "lâcher un peu" de leur pouvoir, d'accepter d'avoir "un peu moins la main". Elle redoute sinon des "cassures définitives" au sein d'une population dont une partie saura se saisir des opportunités, tandis que l'autre s'enfoncera. Eric Favey (Ligue de l'enseignement), se veut optimiste. Certes nous assistons à une disqualification des valeurs, et "nous devons faire descendre les mots des frontons des édifices", sinon certains "vont finir par ne plus y croire". Mais en même temps, "tout est en train de se reconstruire", de "s'esquisser" au moins. Et il rappelle qu'apprendre doit porter sur toute la vie, dont le travail et la formation initiale ne représentent que 15%...
Les 8èmes rencontres auront lieu à l'automne 2012. Sur les rencontres 2011, voir ToutEduc, Rennes: repenser la formation initiale pour envisager les parcours de vie (Ligue de l'enseignement) et [#3506].