"Parole de jeunes": une enquête sur la participation des jeunes à la vie publique en Aquitaine.
Paru dans Périscolaire le mardi 01 février 2011.
"Perception et recueil de la parole peuvent parfois donner lieu à une prise en compte effective de ce que les jeunes expriment, mais la seule existence de ces dispositifs ne le garantit pas." La prise en compte de la parole des jeunes dans les politiques publiques fait l’objet d’une étude en Aquitaine. Objectif: dresser un état des lieux des dispositifs et des pratiques existants et élaborer des pistes de réflexion. A l’initiative de la Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports Aquitaine Gironde (DRDJS), cette étude est confiée à l’IEP de Bordeaux et au laboratoire de recherche SPIRIT. "La réflexion porte non pas sur chaque service en particulier mais plutôt sur l’administration déconcentrée en général, telle qu’on la rencontre en Aquitaine".
L'étude définit ce qu'est la prise en compte de la parole. Elle recouvrirait des intensités très différentes et il s'agirait ainsi de faire une distinction entre "les opérations de recueil" de la parole des jeunes et les "opérations de communication ou de légitimation". "S’agit-il simplement de percevoir une parole, de la recueillir ou de la prendre en compte au sens fort du terme, autrement dit de modifier son comportement, ses objectifs ou ses représentations au regard de cette parole, voire de faire participer les jeunes afin qu’ils s’expriment, ou encore de leur laisser l’initiative ? Ce sont en réalité quatre opérations distinctes."
Education nationale, PJJ, DRAC...L'étude classifie les différents services administratifs en trois types de services "différents du point de vue de la prise en compte de la parole des jeunes":
-ceux pour lesquels la parole des jeunes "n’est qu’un outil de travail" permettant de remplir plus efficacement les tâches que lui impose sa logique gestionnaire ;
-ceux qui intégrent les jeunes "comme cibles" et opèrent une prise en compte plus effective de la parole des jeunes à travers notamment davantage de participation ;
-ceux, dans une logique missionnaire, qui travaillent à une prise en compte plus globale du public jeune en participant à des institutions ou des organisations ad hoc.
L'étude signale par exemple que lorsqu’il s’agit d’organiser la vie en commun au sein d’un centre éducatif (PJJ) ou lorsqu’un enseignant travaille à transmettre un savoir à ses élèves, la parole des jeunes est un outil indispensable. "Pour cette raison elle est perçue, elle peut même être recueillie au moyen de dispositifs de consultations (conseils d’élèves notamment)". Mais elle servirait "avant tout l’objectif poursuivi par l’activité même du service".
La deuxième partie du rapport expose un ensemble de préconisations pour l'ensemble des services d'Etat déconcentrés, sur la base de deux constats: Les "jeunes" ne constituent pas pour la plupart des services un groupe précisément identifiable et surtout homogène. Leur parole n’est pas constituée "a priori", mais dépend de ce qu’on entend prendre en compte dans les services, et par là leur "faire dire". La parole jeune ne serait pas identique selon les services et les dispositifs considérés.
L'enquête appelle à "prendre appui" sur les logiques administratives en place "plutôt que de les abolir fantasmatiquement". Cela reviendrait à demander à chaque service de continuer à faire ce pour quoi il a été institué, mais en prenant en compte dans ses pratiques "les difficultés spécifiques que ses jeunes connaissent dans son champ d’activité". Ainsi, à titre d’exemple, les services d’accès au logement peuvent élaborer un traitement adapté à des candidats locataires ou à des accédants à la propriété jeunes, cela reposant sur l’idée que ces personnes ont des difficultés spécifiques à cette étape de leur vie et qu’on peut de ce fait leur accorder une attention particulière en les inscrivant dans des procédures qui leur sont adaptées. "On peut raisonner de la même façon pour les services sociaux ou culturels, la justice ou les services de santé publique".
Cela supposerait aussi d’adopter une démarche stratégique (diagnostic partagé, définition d’objectifs, mise en oeuvre, évaluation, infléchissement des objectifs, nouveau protocole d’action, ….) en lieu et place du modèle linéaire de gestion plus conforme aux pratiques héritées (décision, application, contrôle). Un opérateur pourrait être en charge d’organiser et de suivre le travail en commun.
Cela devrait enfin, selon l'enquête, faciliter la participation des administrations aux divers programmes transversaux mis en place pour certains jeunes, et faire converger les activités vers des objectifs interministériels.